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viennent de condamner en menaçant de l’interdiction des sacremens les parens qui enverraient leurs enfans dans ces écoles, et en réclamant la création d’un enseignement purement catholique. La victoire obtenue par l’abolition de l’église officielle enfle visiblement les prétentions des prélats irlandais. On ne sait point encore comment répondra M. Gladstone ni ce qu’il fera. Il est peut-être, au point de vue de la stratégie parlementaire, dans une situation assez difficile. S’il prend trop vivement cette sorte de sommation des évêques, il est exposé à perdre l’appui des députés irlandais, qui ont grossi sa phalange victorieuse. S’il se laisse aller à des concessions nouvelles, il risque d’affaiblir le prestige et l’ascendant du parti libéral qui marche à sa suite. Bref, c’est une complication de plus. En Italie aussi, les complications ne manquent pas. Il y a eu même dernièrement une sorte de crise ministérielle à propos d’une proposition de dissolution de la chambre qui a trouvé des partisans et des adversaires dans le cabinet. À ce premier dissentiment sont venues se joindre d’autres dissidences à la suite des sévérités dont le ministre de la justice a pris récemment l’initiative contre la presse. La crise toutefois n’a pas tardé à se dénouer très pacifiquement par des concessions mutuelles. Au-delà des Pyrénées enfin, les complications se multiplient bien plus encore ; mais ici elles sont plus que des questions de ministère, elles ont leurs racines au plus profond des choses, elles tiennent en suspens la destinée de l’Espagne, plus que jamais peut-être livrée à l’imprévu, cet éternel ennemi de ceux qui ne savent rien prévoir. ch. de mazade.




REVUE DRAMATIQUE.
THÉATRE-FRANÇAIS : UNE PARVENUE, par M. Henri RIVIÈRE.

L’auteur d’Une Parvenue est un romancier dont les œuvres sont depuis longtemps connues et goûtées du public. Quelques-unes de ses nouvelles ont paru ici même, et il n’est personne qui ne se souvienne d’avoir lu avec intérêt Pierrot et le Meurtrier d’Albertine Renouf. L’entreprise que M. Henri Rivière vient de tenter en abordant la scène avait assurément ses périls. Les qualités qui l’ont fait réussir dans le roman, la sobriété, la juste mesure, ne sont pas de celles qui assurent fortune au théâtre, et certains de ses défauts, tel par exemple que la sécheresse, pouvaient nuire sérieusement au succès d’un ouvrage dramatique. M. Rivière s’est tiré de toutes ces difficultés avec assez de bonheur pour donner confiance en son avenir théâtral. Dire que sa pièce a obtenu un grand succès serait peut-être amplifier un peu les choses ; dire qu’elle a obtenu un succès d’estime serait mal rendre l’impression qu’elle a produite et qu’elle méritait de produire. On l’écoute avec plaisir. On sait