Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'EDUCATION
DES
FEMMES ET DES AFFRANCHIS
EN AMERIQUE

Ce qui donne à l’organisation des écoles publiques aux États-Unis un caractère spécial, c’est la nécessité, hautement reconnue et proclamée dès l’origine, d’assurer, sans établir entre les sexes aucune différence, l’instruction la plus large et la plus libérale à un peuple appelé à régler lui-même ses destinées. Sur ce point, jamais aucun doute ne s’est produit, jamais la question de savoir s’il est bon d’élever le niveau intellectuel des classes que le hasard a placées aux degrés inférieurs de la société n’a été agitée sérieusement ; jamais des publicistes timorés ou de prétendus défenseurs de la foi religieuse ne se sont avisés d’examiner dans quelles proportions devait être distribué le pain de la science. La religion et la politique, d’accord avec le bon sens, ont inscrit en tête de toutes les constitutions américaines le droit universel à l’éducation et assigné dans tous les budgets des fonds spéciaux pour la création et l’entretien d’écoles publiques. Ce sont les habitans eux-mêmes qui fournissent les fonds nécessaires à la construction de ces écoles, a l’achat du mobilier des classes, aux salaires des instituteurs. Jamais impôt n’a rencontré un assentiment plus unanime. Il grandit d’année en année avec les besoins ; les accroissemens successifs dont la nécessité se fait sentir ne rencontrent jamais de contradicteurs, ne sont l’objet d’aucunes protestations de la part des contribuables. Réglant eux-mêmes le montant et contrôlant l’emploi des taxes qu’ils s’imposent volontairement, ils considèrent ces sacrifices, dont ils ne voudraient