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Quant à la qualité de privat-docent, elle est accessible à tout docteur. Elle s’acquiert par des épreuves spéciales dont les détails sont soigneusement réglementés. C’est un examen et non un concours. Il n’y a pas de concours en Allemagne ; ils se prêteraient mal à l’esprit universitaire, qui est de laisser la porte ouverte à toute capacité sans que rien, — hormis les besoins de l’enseignement, — vienne borner le nombre des activités individuelles qui veulent se produire. Les privat-docenten n’ont jamais d’autres émolumens que la rétribution scolaire, et perdent leur titre, s’ils restent deux ans sans professer. Ils varient l’enseignement de la faculté comme les professeurs extraordinaires le complètent. Les cours des pvivat-docenten font souvent double emploi. Au reste rien n’est plus commun que de voir dans une faculté plusieurs cours sur le même sujet. Il en résulte entre les professeurs une émulation qui profite aux élèves. Liberté entière des deux côtés. Le maître enseigne ce qu’il veut et comme il veut ; l’étudiant va où il sait trouver économie et profit. Un curieux règlement lui permet de fréquenter gratis tous les cours de la faculté pendant les dix premiers jours du semestre. C’est seulement au bout de ce temps qu’il est tenu de faire un choix et de s’inscrire. Le certificat de présence à un seul cours, même d’un privat-docent, même d’une autre université, donne droit aux examens, et jamais l’examinateur ne trouve mauvais que le candidat n’ait point suivi ses leçons.

On a fait à l’enseignement supérieur allemand ce reproche, que le prix en était beaucoup plus élevé que le nôtre. Oui sans doute, ces rétributions payées aux professeurs au commencement de chaque semestre ont bientôt dépassé le montant des inscriptions trimestrielles prises par l’étudiant français ; mais il faut tenir compte de tout, du nombre d’heures consacrées par le professeur à ses cours, du nombre d’élèves qu’il a, des facilités données à l’enseignement pratique. On arrive ainsi sans peine à se persuader que le pécule de l’étudiant allemand est beaucoup mieux employé, et que la somme d’instruction à laquelle il aurait droit en France pour le même prix. ne saurait être comparée à celle qu’il se procure en Allemagne. Ajoutons que, quand on veut apprécier le prix des études dans un pays, il ne suffit pas de savoir ce que coûte l’école ; il faut se demander comment les dépenses scolaires se combinent avec les frais généraux de déplacement et d’existence. Il est clair que les petites villes d’université allemandes offrent aux étudians peu fortunés le bénéfice d’une vie à bon marché, qu’on ne trouve pas à Paris. Certaines universités, comme celle de Greifswald, sont presque uniquement fréquentées par les étudians pauvres, tandis que Bonn et Heidelberg, « où l’on boit du vin, » sont le rendez-vous de la jeunesse dorée. Enfin on doit tenir compte encore de certaines dispositions qui