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L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
DES
SCIENCES EN ALLEMAGNE

I. Jaccoud : De L’Organisation des Facultés de médecine en Allemagne, Paris 1864. — II. De Sybel : Die deutschen und die auswärtigen Universitäten, Bonn 1868. — III. Lorain, De la Réforme des études médicales par les laboratoires, Paris 1868.

Nous nous rappelons encore l’émotion avec laquelle, étudiant, nous franchîmes pour la première fois le seuil d’une des grandes universités allemandes. C’était à Berlin. L’université est dans le quartier d’honneur de la ville, en face du palais du roi, près de la statue de Frédéric II, au-delà du magnifique pont de la Sprée, que décorent huit groupes de marbre blanc racontant l’épopée de l’homme libre. Le bâtiment de l’université est sans faste, comme il convient au palais de la science. Il occupe les trois côtés d’une cour plantée de gazon, fermée en avant par une grille. Au rez-de-chaussée, de longs couloirs aux murailles nues font le tour du jardin et conduisent aux amphithéâtres ; les portes basses et massives semblent l’entrée d’autant de cellules de moines. A l’étage supérieur sont les collections et la bibliothèque. Les étudians vont et viennent, leurs cahiers sous le bras ; on n’y voit ni les mütze de couleur, ni les grandes bottes restées à la mode avec le duel dans les petites universités. Tout est recueilli, silencieux. Devant chaque porte, un tableau indique l’heure des leçons ; il y en a là presque à chaque moment de la journée. Dans les trente-deux amphithéâtres se font chaque semestre plus de trois cents cours sur toutes les sciences, mathématiques, naturelles, sociales et théologiques. En présence de