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LES PREMIERS JOURS
DU
SIÉGE DE SÉBASTOPOL

The Invasion of the Crimea, by A. W. Kinglake ; vol. III et IV. Edinburgh 1868.


La guerre de Crimée est sans contredit l’un des événemens les plus graves des vingt dernières années. Depuis la chute du premier empire, on ne vit nulle part en Europe une lutte aussi sanglante et aussi prolongée ; en aucune occasion non plus, la diplomatie n’eut à résoudre des questions plus complexes ou plus importantes. Cette guerre eut encore ceci de particulier, que les principaux résultats qui en sont sortis n’ont point été remis en question. Les quatre résolutions qui servirent de base à la conférence de Vienne et plus tard au traité de Paris sont encore en vigueur. Les armées qui se sont rencontrées sur le sol de la Crimée ont toutes acquis dans cette lutte obstinée, quoiqu’à des degrés divers, une gloire dont elles ont droit d’être fières. De plus ce fut en cette occasion que l’on vit pour la première fois la France et l’Angleterre marcher ensemble, et l’alliance des deux peuples jadis rivaux y fut si bien cimentée qu’elle semble indestructible en dépit de désaccords accidentels. À tous les points de vue, la guerre de Crimée est donc un grave événement. Aussi chacune des nations belligérantes a-t-elle fait à sa façon le récit de cette guerre ; il n’y a plus qu’à discerner entre ces opinions diverses le vrai et le faux ; on ne serait plus d’ailleurs retenu par de vains ménagemens pour les personnes : les acteurs principaux de ce drame héroïque sont descendus presque tous dans la tombe ; on ne leur doit plus que la justice et des égards.