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pareil drôle. Je rencontre sa femme le soir même chez lady Powlett. Il paraît qu’une pension a été promise par le prince à M. Robethon, lequel se défend d’avoir en rien trempé dans cette dernière affaire. Mensonges que tout cela ! Je me souviens fort bien de ce qu’il nous disait, à mylord et a moi, relativement à la régence.

4 juillet. — Avant dix heures chez la princesse. Le prince n’est pas levé. La princesse me dit que son altesse veut envoyer chercher M. de Bernstorff, pour lui manifester l’intention de tout sacrifier à son désir de bien vivre avec le roi, et de lui complaire autant que possible. Il se séparera donc du duc d’Argyle. Son altesse veut aussi faire venir M. Robethon et lui accorder la pension promise.

5 juillet. — M. Robethon assure que le roi reviendra, ce que n’eût point fait sa majesté, si les choses n’avaient pu s’arranger[1]. L’absence du roi ne durera pas plus de six mois. Les étrangers prennent congé de la princesse. Je fais mes adieux aux dames de la suite royale.

Au drawing-room, le roi s’est montré d’une humeur charmante. Comme je lui souhaitais bon voyage… et prompt retour, il a semblé me dire par son regard que la seconde partie de ma phrase lui semblait pure formule, et qu’il ne voulait encore songer à rien de pareil.

Lord Lovat[2] est venu le soir au conseil, amenant un individu nommé Barnes. Cet homme a dénoncé sous serment certains propos tenus par deux Sulivant, cousins de cet autre Sulivant exécuté l’année dernière au mois d’octobre, et dont le crâne figure encore sur Temple-Bar. S’il les en faut croire, le frère de ce supplicié a conçu le projet d’assassiner le roi dans une forêt située entre Utrecht et Loo. Il se servirait pour cela du « parti bleu, » à la tête duquel il

  1. Cette menace indirecte du secrétaire intime, donnant à penser que son maître abdiquerait la couronne d’Angleterre plutôt que de reconnaître les droits de son fils, n’est-elle pas une curiosité historique ?
  2. Le fameux Simon Fraser, lord Lovat, exécuté en 1745 peur avoir pris une grande part à cette dernière tentative des Stuarts exilés.