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espèce de chambre introuvable qu’aucune élection, — il le savait de reste, — ne lui aurait rendue aussi complaisante et aussi dévouée. Il faut reconnaître que le mandata court terme (on le recommande pourtant de nos jours encore comme une espèce de panacée parlementaire) n’avait point donné les résultats attendus. Les représentans du pays, élus pour trois ans au lieu de l’être pour sept, ne s’étaient montrés ni plus indépendans ni moins corruptibles. Aussi beaucoup d’esprits distingués ont-ils cru voir dans le retour à la septennalité (mesure dont la légalité a d’ailleurs subi plus d’une critique) le point de départ d’une situation nouvelle ; l’émancipation des communes, jusque-là plus subordonnées que de raison soit à l’autorité de la couronne, soit à l’ascendant de la pairie, date pour eux de cette mesure.

Une autre question intérieure fut soulevée par le départ du roi George Ierpour son électorat de Hanovre, départ auquel tous ses ministres s’opposèrent en vain, et que les tories saluèrent d’un long cri de joie. À l’occasion de ce malencontreux voyage éclatèrent les dissidences, jusqu’alors à peu près secrètes, de la famille royale. La jalousie soupçonneuse du père, les aspirations ambitieuses du fils, se manifestèrent publiquement ; leur animosité réciproque se donna carrière. Le roi voulait restreindre et restreignit en effet, autant qu’il était en lui, l’autorité qu’il était contraint de déléguer au prince de Galles. Il ne voulut jamais lui conférer une véritable régence, et alla déterrer dans de vieilles annales un titre gothique pour en affubler ce pouvoir sévèrement limité. Le prince délégué ne fut pas régent ; il reçut le titre de lieutenant-gardien du royaume, titre que personne n’avait porté depuis le Prince Noir. En revanche, dès que son père fut parti, le prince n’épargna rien pour se rendre populaire. Un zèle vindicatif sembla le pousser à tout ce qui pouvait alarmer, irriter la jalousie paternelle, — maladresse dont les conséquences devaient aggraver une situation déjà pénible. Il faudra s’en souvenir quand on lira, vers les dernières pages du Journal de lady Cowper, le triste détail des rigueurs exercées par George Iercontre son fils et sa bru, confondue un moment avec le prince dans une commune disgrâce.

Quant au troisième grand événement de l’année 1716, — le traité qui changea les relations de la France et de la Grande-Bretagne, non sans un immense profit ultérieur pour l’un et l’autre pays, — c’est à coup sûr celui qui toucherait nos lecteurs de plus près ; mais lord Cowper, très mêlé aux affaires intérieures des trois royaumes et aux débats de la famille royale, ne le fut guère aux négociations qui se suivaient, soit à La Haye, soit à Herrenhaus en. Le soin de les mener échut spécialement à Stanhope, aux deux Walpole