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d’avoir à se débattre contre une prise d’armes semi-cléricale, semi-carliste, qui n’aurait pas même été possible il y a quelques années. L’insurrection carliste est à peu près vaincue aujourd’hui ; elle a malheureusement duré assez pour laisser place aux violences de la répression, aux fusillades sommaires, pour faire éclater de ces scènes sinistres qui se reproduisent trop souvent au-delà des Pyrénées dès que les partis se mettent en campagne. Ici, en Catalogne, c’est un officier de l’armée faisant exécuter, sans autre forme de procès, un certain nombre d’hommes qu’il rencontre sur son chemin et que rien ne désigne comme des insurgés ; il met brutalement à mort un jeune guide qui l’accompagne et qui est même un libéral, intendant d’un des généraux de la révolution. Ailleurs, dans la province de Teruel, un partisan audacieux, aidé de deux ou trois compagnons, s’empare d’un village qu’il occupe pendant quelques heures, sans commettre d’ailleurs aucune violence et même sans qu’on fasse mine de lui résister. Les autorités locales finissent par reprendre un peu de courage ; on ne se borne pas à s’emparer de cet homme qui n’était pas bien dangereux, puisqu’il était presque seul, on se jette sur lui, on le tue sur la place, et on traîne son corps comme un trophée. Toutes ces scènes ont fini par émouvoir l’opinion, et le gouvernement lui-même parait sentir la nécessité de mettre un terme à ces répressions sanglantes. Le mieux serait d’en finir avec le provisoire. Comment l’Espagne sortira-t-elle de là ? On l’ignore toujours. Récemment, le seul bruit qu’on revenait à l’union ibérique avec le roi dom Luis et qu’un envoyé espagnol était chargé de reprendre une négociation, ce simple bruit a causé un déchaînement d’opinion à Lisbonne et a provoqué en partie la chute du ministère portugais, qui a été remplacé par un cabinet à la tête duquel est le duc de Loulé. Il reste à savoir si sous les ombrages de Vichy le général Prim fera quelque rêve un peu plus rassurant pour l’Espagne que ceux qu’il faisait autrefois pour le Mexique. ch. de mazade.




OUVRAGES DE CHASSE.
I. Nouveau traité de Chasses, par MM. de Lâge, de La Rue et de Cherville, 2 vol. in-8o ; Goin. — II. Conseils aux Chasseurs, par M. Ch. Bemelmans, 1 vol. in-18. — III. Soixante années de chasse, par M. J.-A. Clamart, 1 vol. in-18. — IV. Le Chasseur infaillible, par M. Marksman, traduit de l’anglais par M. Kerdael, in-18.

De toutes les passions, la chasse est, sinon la plus innocente, du moins la plus répandue ; nous ne parlons pas de la chasse à courre, réservée à ceux que leur fortune met hors de pair, nous parlons de la chasse à tir, dont les émotions et le plaisir sont à la portée de tous. Le modeste paysan qui s’en va battant la plaine suivi de son chien d’arrêt n’est pas moins jaloux de son droit que l’opulent financier dont le parc, entouré de murs, regorge de gibier de toute espèce. Cette passion, quand