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LE JOURNAL
D'UNE
DAME DE LA COUR
AU TEMPS DE GEORGE Ier[1]

PREMIERE PARTIE


L’histoire moderne nous offre peu d’événemens aussi contraires à toute prévision que l’accession de la maison de Brunswick au trône d’Angleterre. Soit au dehors, soit au dedans, tout semblait y faire obstacle. Les puissances catholiques sans exception voyaient d’un œil jaloux ce résultat qui promettait un nouveau chef à la ligue du nord, et bon nombre d’états protestans y étaient opposés par leurs calculs politiques. L’Irlande, l’Ecosse, profondément désaffectionnées, se préparaient à prendre les armes en faveur des Stuarts. Les futurs rebelles, qui déjà se comptaient, s’organisaient, s’armaient avec un zèle et une audace également redoutables, pouvaient compter sur l’appui plus ou moins actif, plus pu moins ostensible de la France, de l’Italie, de l’Espagne. L’empire était hostile aux prétentions de l’électeur de Hanovre, qui n’avait à espérer que la sympathie probablement stérile d’une république épuisée, la Hollande et d’un royaume embryonnaire, la Prusse. Depuis la disgrâce de la duchesse de Marlborough, depuis la faveur de Harley et de Saint-John, tous deux arrivés au ministère, les tories étaient

  1. Diary of Mary, countess Cowper, lady of "the bedchamber to the Princess of Wales, — London, J. Murray. — La pairie fut conférée au lord-chancelier Cowper en 1718. Le sixième comte Cowper, né en 1806, était en 1835 sous-secrétaire d’état aux affaires étrangères. Le poète Cowper, fils d’un chapelain de George II, appartenait à cette famille, dont il a popularisé le nom, déjà illustre.