prendre copie des délibérations et de les rendre publiques ; enfin on n’a pas voulu leur concéder une institution qui fonctionne avec grand succès en logique, celle d’une commission permanente élue, investie du mandat de veiller, dans l’intervalle des sessions, à l’exécution des décisions prises. On a vu dans cette innovation si modeste une menace d’empiétement sur le domaine administratif. Pour les communes, mêmes préventions. Le gouvernement s’est réservé la faculté, non-seulement de prendre le maire en dehors du conseil municipal, mais encore de frapper ce conseil municipal d’une sorte d’interdit, et de le remplacer par une commission administrative qu’il compose à son gré.
On cite l’Angleterre, qui chaque jour agrandit l’influence de la direction centrale, comme la preuve que c’est la tendance de la civilisation. Oui sans doute, il se manifeste dans ce pays des besoins auxquels il n’est possible de satisfaire que par des mesures générales. Ce sont des cas exceptionnels. L’Angleterre est couverte d’églises, d’écoles, d’hospices, de bourses, de marchés, de théâtres, bâtis et entretenus au moyen de cotisations volontaires, de routes et de ponts construits par des particuliers qui sont autorisés à y percevoir un péage. Ces œuvres s’accomplissent sans le concours du gouvernement, sans même celui des bourgs et des comtés. L’indépendance fait naître l’émulation, et nulle part on ne professe plus fidèlement qu’en Angleterre la maxime : aide-toi, le ciel t’aidera. Il faut que l’entreprise sollicitée par les besoins publics dépasse les forces individuelles ou celles de l’association privée pour que l’état sorte de son immobilité et se charge de la mener à bout. Je dis l’état et non l’administration. C’est ainsi que le paupérisme, l’émigration, la clôture des terres, le drainage, la surveillance du travail dans les manufactures, les chemins de fer, les canaux, sont autant de matières dont le gouvernement se saisit pour en faire l’objet de bills personnels et locaux qui sont soumis, à l’ouverture de chaque séance, au parlement anglais. Ces bills décident en même temps du mode d’exécution, désignent les magistrats, les commissaires, les inspecteurs, qui en dirigeront et en surveilleront l’application. Toutes ces questions ne sont pas résolues au bénéfice de l’administration, car on peut dire qu’il n’existe pas d’administration en Angleterre ; les agens que les actes du parlement mettent en exercice ne sont pas sous la dépendance du ministre de l’intérieur, ils ne forment pas comme chez nous une armée disciplinée ; ils relèvent uniquement du service spécial auquel ils sont attachés. Aussi ne sont-ils jamais détournés de leurs fonctions pour se mêler aux luttes politiques dans l’intérêt du gouvernement.
Maintenant est-il vrai que la centralisation soit l’élément essentiel de la puissance et de la grandeur d’une nation ? L’observation