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LES
SERMONNAIRES
DU MOYEN AGE

La Chaire française au moyen âge, particulièrement au treizième siècle, par M. A. Lecoy de La Marche; 1 vol. in-8o, Paris.

Un préjugé trop général veut qu’érudition et ennui soient deux mots à peu près synonymes. C’est une sorte de lieu-commun de la conversation. On admet bien à la rigueur qu’il peut se trouver parfois des gens d’un tempérament assez rare pour rester, quoiqu’érudits, d’un commerce agréable, spirituel; mais qu’un livre de savoir puisse être, non pas même amusant, tout simplement lisible, c’est chose inadmissible en dehors d’un petit cercle de gens sérieux ou qui aspirent à le paraître. Le malheur est que ce préjugé n’a pas tout à fait tort. Si le public montre peu d’empressement pour l’érudition, l’érudition de son côté ne se met guère en peine de faire les avances. Si les lecteurs ont peu de zèle, les auteurs ont peu de complaisance. Toute cette partie de l’art d’écrire qui consiste à chercher les moyens d’attirer et d’attacher semble pour eux pure chimère. Aussi qu’arrive-t-il? Ils accumulent des prodiges de savoir, de patience, de sagacité, et le public sait à peine leurs noms. Encore si c’était là tout le mal! s’il n’y avait de compromis que le renom de quelques érudits; mais le préjudice le plus grave est pour la science elle-même. En dépit des progrès qu’elle accomplit chaque jour, elle ne se répand guère. Elle