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méthodes les plus perfectionnées et des instrumens les plus délicats dont la science dispose aujourd’hui. Le célèbre physicien d’Upsal doit d’ailleurs être compté au nombre de ceux qui ont le plus contribué à nous faire connaître les raies spectrales ; il les a étudiées dans les circonstances les plus diverses, il en a déterminé les positions d’une manière rigoureuse, et les planches qu’il a dessinées en reproduisent les moindres détails, des détails à peine saisissables pour l’œil. M. Angström a eu l’heureuse idée d’inscrire toutes les raies d’après l’échelle des longueurs d’onde absolues, qu’il a substituée aux échelles arbitraires basées sur la réfrangibilité des divers rayons. C’est ce qui justifie le titre de spectre normal placé en tête de ces planches d’une exécution vraiment remarquable,


R. RADAU.


Les deux Procès de condamnation de Jeanne Darc, mis pour la première fois en français par M. E. O’Reilly ; Paris, 1868.


Il est en histoire des figures qui semblent destinées à faire le charme de notre imagination et le tourment de notre esprit. Celle de Jeanne Darc est de ce nombre. Qu’était-ce que cette fille ignorante, sortie de sa chaumière pour commander des armées, qui accomplit des actes de courage extraordinaires, qui entendait des voix surnaturelles lui dicter sa mission, qui déconcerta ses juges par sa fermeté tranquille ? Les catholiques ne sont pas éloignés aujourd’hui d’en faire une sainte ; le tribunal anglais vit en elle une sorcière, la France l’a toujours admirée comme l’héroïne à qui elle a dû le salut de sa nationalité. Quant à la critique historique, elle n’a pas encore dit son dernier mot.

Voilà ce qui fait l’intérêt de la publication de M. O’ReilIy. Pour la première fois, il a traduit en français et mis à la portée de tous les lecteurs les documens relatifs à l’instruction poursuivie contre Jeanne par l’inquisition. Le texte latin de cette volumineuse procédure avait déjà été publié en 1849 par M. Quicherat. Les détails où entra l’accusée dans les nombreux interrogatoires sur sa vie antérieure et sa mission impriment à la physionomie de l’héroïne un relief singulier, les circonstances de son supplice lui donnent un attrait touchant dont on éprouve l’influence malgré tout l’appareil juridique sous lequel se dissimule le récit. Juriste lui-même, M. O’ReilIy a su conserver à ces pièces, vieilles de quatre siècles, une couleur locale d’une grande fidélité. C’est en combinant ces dossiers authentiques avec les traditions plus ou moins légendaires que les historiens dégageront la vraie Jeanne Darc. Quoi qu’il advienne, elle restera toujours pour les Français une des plus sublimes manifestations du patriotisme.


J. LE BERQUIER.


C. BULOZ.