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L’avenir du pays paraît être surtout dans l’arboriculture. Au premier rang viennent l’olivier, le mûrier, les arbres à fruits. L’olivier ne couvre encore que 42,000 hectares, et il ne donne qu’un produit misérable. Avec plus de soins, on pourrait étendre l’exportation de l’huile d’olive; la France à elle seule en achète tous les ans pour 25 millions. Le mûrier était autrefois encore plus négligé; depuis quelques années, l’élévation du prix de la soie a tourné l’attention vers cette culture. En 1868, la récolte des cocons s’est élevée à 2 millions de kilogrammes, valant ensemble 8,400,000 francs, qui ont été payés par la France et par l’Angleterre. Le Portugal a eu le bonheur d’échapper à la maladie, il exporte de la graine de vers à soie.

Le vin est depuis longtemps la plus grande richesse agricole. Les vins recherchés par les Anglais sous le nom de vins de Porto se récoltent sur les rives du Douro. On en protégeait autrefois la production par des monopoles qui ont aujourd’hui à peu près disparu. Ce vignoble célèbre n’a pas une grande étendue; on ne lui donne pas plus de 30,000 hectares. La culture en est très soignée, elle exige beaucoup de bras. La vigne y est plantée en terrasses artistement construites et soutenue par de petits échalas. Une partie du produit est transformée en eau-de-vie et sert à ajouter un supplément d’alcool aux vins exportés. Le vignoble du Douro ne produit guère que le dixième de la récolte totale du vin. Dans la province de Minho, on cultive généralement la vigne en hautains, comme en Italie, c’est-à-dire en l’enlaçant à de grands arbres qui la laissent retomber en gracieux festons. L’aspect de ces treilles est charmant; mais les raisins qu’elles produisent mûrissent difficilement et ne donnent qu’un vin acide et vert. Les vins qu’on appelle mûrs s’obtiennent par une meilleure culture et présentent de nombreuses variétés. On a peine à comprendre comment la vigne ne couvre encore que 189,000 hectares dans un pays qui lui convient si bien. La production est sans doute contenue par le débouché; l’exportation n’en écoule qu’une faible quantité (200,000 hectolitres par an), et la consommation intérieure ne peut guère excéder un hectolitre par tête. L’oïdium a encore moins épargné les vignobles portugais que les nôtres. En 1851, la récolte totale du vin avait dépassé 3 millions d’hectolitres; dix ans après, en 1862, elle n’était plus que de 860,000; elle avait baissé des trois quarts. Il faut que la production se soit beaucoup relevée, puisqu’on l’évalue aujourd’hui à 5 millions d’hectolitres, soit une moyenne de 27 hectolitres à l’hectare. On cherche partout de nouveaux débouchés, notamment au Brésil et aux États-Unis; si on les trouve, la culture de la vigne fera probablement des progrès.

La production des fruits peut être en quelque sorte illimitée; les oranges, les citrons, les figues, les amandes, les caroubes, les pêches, les abricots frais ou secs, alimentent une exportation annuelle de 5 ou