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et le plus complètement ; oui, mais elle se transforme régulièrement, pacifiquement, et, M. Hervé a encore plus raison de le dire, il ne s’agit pas d’emprunter aux Anglais leur pairie héréditaire ou d’autres institutions aristocratiques, il s’agirait bien plutôt de leur emprunter ces procédés d’action légale qui font leur force dans des crises de transformation où d’autres ont sombré quelquefois.

Et tandis que se déroulent tous ces événemens publics où palpite la vie contemporaine, nous ne pouvons nous défendre d’un serrement de cœur, d’un retour douloureux sur un deuil intime, car nous venons de perdre l’enfant de la maison, un aimable compagnon de travail. M. Louis Buloz, qui a été gérant de cette Revue, est mort à vingt-sept ans, à l’âge où l’on ne devrait pas mourir. Il a été enlevé par une maladie implacable dont rien n’a pu conjurer le cruel dénoûment. Certes, en le voyant partir il y a quelques mois, un peu triste déjà, mais confiant encore, pour aller chercher la santé, nous ne nous doutions guère que nous ne devions plus le revoir ; nous aimions à espérer qu’il nous reviendrait bientôt avec une force nouvelle pour reprendre ici une place qu’il occupait avec une bonne grâce si parfaite. Il nous est revenu dans un cercueil ! S’il y a un être qui mérite d’être regretté, c’est celui-là : il avait la jeunesse de l’âge et la précoce maturité de l’esprit, du zèle, de la modestie, une droiture naturelle, une application assidue à son devoir. Il n’ignorait pas tout ce qu’il avait à faire pour continuer l’œuvre élevée et soutenue par l’énergie paternelle, et il s’y préparait sincèrement, simplement, par une bonne volonté intelligente et par le travail. Il n’avait pas commencé depuis bien longtemps, et déjà il avait donné la mesure de ce qu’il serait. Aux qualités séduisantes les plus propres à lui assurer les sympathies, il joignait les qualités sérieuses faites pour lui promettre le succès dans une carrière qui n’est pas toujours sans difficultés et sans orages. En un mot, l’avenir lui souriait ; cet avenir a été cruellement brisé en un instant, et de cette existence qui avait tout pour elle, qui pouvait être si brillante et si heureuse, il ne reste plus rien aujourd’hui, — rien que la bonne et douce image de l’aimable jeune homme survivante dans le cœur désolé des siens, dans un foyer en deuil, dans le souvenir affectueux de ceux qui l’ont connu. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.
Histoire générale de Paris. — Paris et ses historiens aux quatorzième et quinzième siècles. — Documens et écrits originaux recueillis et commentés par MM. Le Roux de Lincy et L.-M. Tisserand ; Paris, imprimerie impériale.

C’est une heureuse pensée de l’édilité parisienne qui a donné naissance à ce beau et savant volume. M. Ampère, il y a une trentaine d’an-