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souvent byzantins, quelques-uns allemands, d’autres italiens, presque tous adoptèrent une coloration irritante, métallique, outrée. Il y eut bien quelques statuaires à qui l’on fit une réputation ; mais quand on voulut élever une statue équestre à Pierre Ier, le fondateur de la ville, ce fut Falconet qui fut appelé. Des architectes italiens bâtissent des palais, et même sous l’empereur Nicolas, qui témoigna si haut de son désir de n’user que des ressources de la Russie, un ingénieur français reçut mission d’édifier l’église de Saint-Isaac, et d’ériger en face du Palais d’Hiver la belle colonne monolithe de porphyre qui devait rappeler la mémoire d’Alexandre Ier. Un architecte allemand construisait un autre Ermitage.

La condition des élèves s’est fort améliorée, depuis quelques années. L’aménagement de l’école est vaste et magnifique. Elle est située dans l’île de Wassili, et occupe un palais dont la façade se développe sur les bords du large fleuve qui donne à Saint-Pétersbourg un aspect si pittoresque. Le bâtiment, de forme quadrangulaire, renferme au rez-de-chaussée des ateliers pour la fabrication de mosaïques, art byzantin que les Russes ont cultivé avec autant de persévérance que les Italiens, et des collections de moulages et de spécimens de différentes époques. Le premier étage a des galeries de tableaux anciens, des peintures d’artistes modernes, français, belges et allemands, des œuvres d’artistes russes depuis Pierre le Grand, une bibliothèque et un cabinet d’estampes. C’est à l’étage supérieur que se font les expositions de tableaux. Une sœur du tsar est aujourd’hui présidente de l’école, elle a sous ses ordres un vice-président, le prince G. Gagarine. Le personnel se compose à peu près comme celui de toutes les académies. On y a joint un prêtre, un diacre et un sacristain.

Les élèves en bas âge ne sont plus admis. On accepte comme écoliers les jeunes gens qui se sont procuré une éducation préliminaire, soit dans les gymnases, soit ailleurs. Il en arrive quelques-uns des universités, où l’on entretient des professeurs de beaux-arts, le plus souvent médiocres. Il en vient un plus grand nombre d’une école de dessin qui a quelque célébrité à Moscou, même des écoles établies à Saint-Pétersbourg en faveur des ouvriers, et que fréquentent surtout des jeunes gens des classes moyennes. On n’exige pas de concours, on ne donne pas de places ; on se contente en général de faire esquisser une tête antique au candidat pour s’assurer de ses aptitudes. Sauf le dimanche et les fêtes, dont le calendrier grec est fort encombré, les élèves s’exercent chaque jour, suivant la classe dans laquelle ils sont répartis, à des études peintes ou modelées d’après les moulages ou d’après nature, à des compositions de figures nues ou vêtues, à reproduire les plis d’un mannequin drapé, travail un peu stérile auquel en Russie