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furent mises à la disposition des élèves. La salle des plâtres renfermait tous les moulages des plus belles statues trouvées en Italie. Le grand-duc n’obtint pas de ses efforts les fruits qu’il en attendait. Aujourd’hui l’académie florentine relève directement de l’état, comme presque toutes celles de l’Italie ; quelques-unes seulement sont restées des institutions municipales. Elle est régie par des règlemens qui datent de 1860, auxquels une commission nommée depuis plusieurs années, et qui a fonctionné avec la trop sage lenteur des commissions de ce genre, propose des modifications notables. Des statuts organiques sont préparés, et l’on voudrait les rendre uniformes pour toutes les académies italiennes, sauf celle de Rome, bien entendu. Le peu de résultats qu’obtiennent les académies pour l’instruction d’art, le peu d’avantages qu’ont procurés les réformes tentées jusqu’ici dans plusieurs villes, ont décidé le président de l’académie de Florence, rapporteur de la commission, à demander un enseignement supérieur libre. L’état fournira des salles spacieuses à quelques artistes distingués, afin que des jeunes gens s’y réunissent pour travailler sous leur discipline. L’avantage des ateliers gratuits sera réservé de préférence à ceux qui ont suivi les cours de l’académie florentine. Cette dernière, comme la plupart de celles d’Europe, présente l’étude de l’art à tous les degrés. Elle la facilite au début, l’encourage par des prix et des pensions, et les artistes qu’elle distingue sont appelés à faire partie du collège académique. C’est le couronnement des plus hautes ambitions. Le programme des matières enseignées ne diffère guère que par le détail de celui des autres établissemens de ce genre. Les peintres acquièrent avec les connaissances anatomiques celles de l’histoire des peuples, de leurs mœurs, de leurs costumes dans les divers temps et les divers lieux. Les élèves architectes ont à justifier d’une assez forte préparation avant de pouvoir composer des projets. Il a été proposé d’établir tous les trois ans un concours pour la peinture, la sculpture, l’architecture. Les artistes de toute l’Italie y seraient admis, et les lauréats recevraient une médaille d’or. Tous les trois ans également seront ouverts des concours restreints auxquels les artistes toscans auront seuls jusqu’à l’âge de vingt-sept ans le droit de prendre part. Au vainqueur sera payée pendant trois ans une pension, afin qu’il puisse voyager dans les principales villes de l’Italie, étudiant les œuvres remarquables. Nous concevons que l’académie florentine ne pensionne que des artistes toscans. C’est aux autres académies des provinces du royaume à en faire autant en ce qui concerne chacune d’elles ; mais nous ne pouvons nous empêcher de trouver le cercle dans lequel on enferme l’artiste un peu resserré, et la condition de ne voyager qu’en Italie empreinte d’un patriotisme trop exclusif. N’y a-t-il rien qui