fréquentaient entre eux assez volontiers après la réorganisation de l’école, les arts sont frères ; les peintres allaient chez les sculpteurs, les sculpteurs chez les architectes. Ces rapports de bon voisinage, qui pouvaient être profitables à tous, ont pris un caractère moins amical, et finalement est survenu un ordre qui a tout fait cesser, visites et excursions.
Que deviennent les élèves à la sortie de l’école, quel est le résultat de leurs études ? C’est le côté triste, mais c’est aussi l’honneur de la république des arts comme de celle des lettres que le caractère aléatoire de la profession choisie par ceux qui se consacrent à la recherche et à la reproduction du beau. Les élèves formés par l’École des Beaux-Arts n’ont en général ni avantage ni diplôme qui les distingue. Il y a une seule exception, et elle est toute récente. Depuis le mois de novembre 1867, les architectes peuvent être diplômés. Ce qu’on peut dire en thèse générale, c’est qu’on puise à l’école une instruction sérieuse. Elle est une pépinière d’où sortent d’excellens artistes et les meilleurs professeurs d’art. Quelques élèves, assez peu, arrivent à l’objet de l’ambition de tous, ils sont admis à concourir pour les grands prix de Rome. Parmi ces appelés, le nombre des élus est à peu près de un sur dix. De ceux-ci, on peut dire que leur rêve est réalisé, au moins provisoirement. Les voilà entretenus aux frais de l’état ; leurs études deviennent l’objet d’une dépense nationale. Ils croient être au but, ils entrevoient à l’horizon le rameau d’or qu’ils s’en vont cueillir. En attendant, ils voyagent ou bien se promènent dans les jardins de la ville éternelle, plus jeunes, mais déjà pareils dans leur imagination à ces maîtres que Delaroche a figurés discourant sous des portiques, à la lumière du jour sans fin, dans l’hémicycle de l’école qu’ils viennent de quitter. Le prix de Rome est quelque chose d’assez semblable à ce bâton de maréchal que chaque soldat emporte dans sa giberne. Qui pourra compter ce qu’il s’est usé de jeunesse et dépensé de pacifique héroïsme pour y atteindre ? Jusqu’à trente ans autrefois, l’élève nourrissait en son cœur cette espérance secrète ou avouée. On a récemment fixé à vingt-cinq ans le terme après lequel on devait renoncer à concourir. Le délai est peut-être un peu court, surtout en ce qui concerne les architectes, qui ont à se munir d’un bagage assez considérable de connaissances précises et variées.
Il n’est point nécessaire de faire partie de l’École des Beaux-Arts pour « monter en loges. » Les règlemens n’exigent guère que deux choses, que le candidat soit de nationalité française et qu’il satisfasse aux épreuves. Nous ne croyons pas cependant que jamais on ait décerné la couronne à quelque artiste complètement étranger aux leçons professées sous la surveillance administrative. Nous allions omettre parmi les conditions imposées une petite clause