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la retrouve dans tous les élémens et par suite dans tous les composés que ceux-ci peuvent former. Depuis longtemps, on avait distribué en familles naturelles ces élémens, que l’on désignait sous le nom de métalloïdes. M. Dumas avait le premier tenté à cet égard une classification rationnelle. À très peu d’exceptions près, elle est maintenue par la nouvelle école qui prend l’atomicité pour base. Ainsi à côté de l’hydrogène viennent se placer comme élémens monatomiques le fluor, le chlore, le brome et l’iode. À côté de l’oxygène diatomique prennent place le soufre, le tellure. Le phosphore et l’arsenic forment avec l’azote la famille triatomique. Enfin le silicium se range comme élément tétratomique à côté du carbone. Les métaux peuvent d’ailleurs être partagés en groupes analogues, et l’on a complètement renoncé à la doctrine de Gerhardt, qui les plaçait tous dans la famille de l’hydrogène. C’est vers l’année 1858 que l’on a été amené à tenir compte des différences que les métaux présentent dans leur capacité de saturation. M. Wurtz, qui venait de montrer par la découverte des glycols l’existence de radicaux diatomiques, donna dès cette époque des preuves de la diatomicité de certains métaux. Il faut ajouter que la classification des métaux n’est point complètement achevée et qu’il y a encore à cet égard, sur tel ou tel point particulier, des controverses importantes. On voit cependant se ranger dans le premier groupe, à côté de l’hydrogène, le lithium, le sodium, le potassium, le césium, le rubidium, l’argent, l’or, le thallium. De même, à côté de l’oxygène, dans le second groupe, on place le calcium, le strontium, le baryum, le plomb, le magnésium, le manganèse, le fer, le zinc. Les métaux du troisième groupe ou triatomiques sont l’antimoine et le bismuth. Enfin l’on place à côté du carbone et. l’on regarde comme tétratomiques le titane, l’étain, le tantale, le zirconium. Tel est le groupement le plus généralement admis et qui paraît répondre aux réactions les plus caractéristiques des différens métaux ; mais il donne encore lieu à quelques réserves.

Aussi bien voici venu le moment de faire certaines restrictions nécessaires au sujet de l’ensemble de la théorie. Jusqu’ici nous nous sommes surtout préoccupé d’en donner une idée claire, et nous nous sommes attaché en conséquence à la présenter sous sa forme la plus nette ; nous avons soigneusement écarté tous les points encore indécis, tout ce qui pouvait laisser planer quelque incertitude sur l’idée fondamentale. Nous ne voulons pas cependant nous montrer plus ardent et plus convaincu que les inventeurs mêmes de la théorie nouvelle. Il importe donc que nous fassions connaître les tempéramens qu’ils apportent eux-mêmes à leur doctrine. Peut-on affirmer que chaque élément ait son atomicité propre, absolue, qui