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atome de kalium ou potassium, S un atome de soufre, Sb un atonie de stibium ou d’antimoine, et ainsi de suite. Des lettres juxtaposées représentaient les corps composés, et chacune d’elles était affectée d’un coefficient qui indiquait le nombre des atomes entrant dans la combinaison moléculaire. Ainsi l’eau était représentée par IPO, l’acide sulfurique par SO3, et ainsi des autres corps.

Cette notation précise et commode fut mise par Berzélius au service de la théorie dualistique qu’il avait empruntée à Lavoisier, et à laquelle il donna de nouveaux développemens. Berzélius reconnaît que, pour chaque genre de sels, il existe un rapport constant entre l’oxygène de la base et celui de l’acide ; ainsi dans les sulfates l’acide renferme trois fois plus d’oxygène que la base, dans les carbonates deux fois, dans les nitrates cinq fois. Les lois de composition s’écrivent tout naturellement dans la notation de Berzélius, la formule de l’acide étant juxtaposée à celle de la base ; KO.SO3 sera le sulfate de potasse et de même pour les autres sels. Cette notation mettait en relief le système de groupement binaire auquel Lavoisier avait ramené toute la chimie. A l’appui de ce système, Berzélius apportait d’ailleurs toute une théorie électro-chimique dont il avait emprunté le principe à Davy, mais qu’il avait renouvelée et fécondée par une longue série de recherches personnelles. Il montrait que les corps composés sont toujours formés de deux élémens dont l’un est électro-positif et l’autre électro-négatif. C’était là, selon lui, une éclatante confirmation des idées de Lavoisier et de la théorie des sels. « Vous voyez bien, disait-il, que les sels renferment les élémens de l’acide juxtaposés à ceux de l’oxyde et non confondus avec eux ; car lorsque nous décomposons par le courant d’une pile un sel, comme le sulfate de soude par exemple, l’acide sulfurique se rend en bloc au pôle positif et la soude au pôle contraire. » Ainsi les formules dualistiques des sels étaient appuyées non-seulement sur le mode de formation ordinaire de ces derniers, mais encore sur la décomposition que les courans électriques leur font subir. Ici il faudrait examiner de près l’assertion de Berzélius. On trouverait que les courans ne dédoublent point précisément les sels de la manière qu’il indique. Aussi bien l’ensemble de cette théorie électrochimique a été fortement ébranlé par le temps, et, sans entrer à ce sujet dans aucun détail, il nous suffira de dire qu’elle n’apportait aux idées de Berzélius qu’un appui bien trompeur.

Cependant la chimie organique avait fait dans les vingt premières années de ce siècle quelques découvertes importantes. Le système du dualisme, créé à l’occasion des composés minéraux, avait maintenant à s’occuper de ces corps organiques que la nature nous présente dans les végétaux et les animaux, et où l’analyse chimique