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disponible un boni de 150 millions[1]. Le trésor fédéral ne percevant pas l’impôt foncier, qui est attribué aux états et aux corporations municipales, les deux principales sources de revenu sont les douanes et les impôts intérieurs. Bien que le budget se fût soldé en excédant, grâce à des économies sur les dépenses prévues, le chiffre des recettes avait été inférieur à celui sur lequel on avait compté. C’était là un symptôme grave. Les douanes notamment avaient donné plus de 100 millions de moins que les années précédentes. Ce résultat a mis une arme puissante aux mains des partisans du libre échange. Ce n’est pas ici le lieu de s’étendre sur ce sujet : une pareille discussion est regardée en Europe comme épuisée. Il suffit de dire que les Américains considèrent en ce moment la question de la liberté commerciale moins peut-être au point de vue de la protection à donner à leurs industries naissantes qu’à celui des intérêts du trésor. Si l’expérience montre que le système adopté lui rapporte peu et n’avance guère l’heure tant désirée de l’extinction de la dette, les Américains ne s’entêteront pas longtemps dans ce rôle de champions des principes protectionistes.

Le rendement des impôts intérieurs a aussi accusé depuis 1866 une diminution importante, puisque les recettes ont suivi dans les trois derniers exercices une progression décroissante indiquée par les chiffres de 1,648,1,409 et 1,102 millions. Il faut dire en revanche que depuis la fin de la guerre le congrès a chaque année dégrevé une partie considérable des articles soumis à l’impôt. Le dernier rapport du commissaire du revenu intérieur calcule que ces dégrèvemens successifs équivalent aujourd’hui à une diminution de recettes de 917 millions ; les impôts qui frappaient les manufactures ont presque entièrement disparu. C’est là une réduction dont il y a lieu de tenir compte, si l’on veut se faire « ne idée exacte des ressources du pays.

Parmi les articles sur lesquels porte encore l’impôt, le droit perçu sur les recettes des maisons de banque, caisses d’épargne, chemins de fer, compagnies d’assurance, messageries, télégraphes, qui est généralement de 3 pour 100, a fourni 78 millions, le timbre sur les documens judiciaires et actes notariés 79 millions. Le rendement de l’impôt sur le revenu a été de 170 millions, il avait été de 320 millions en 1866 ; mais il ne faut pas perdre de vue que le chiffre du revenu libre d’impôt a été élevé de 3,000 à 5,000 francs : notons en passant que le revenu provenant des coupons de la dette publique n’est pas soumis à la taxe. Les patentes ont fourni 85 millions, les cotons ont donné 119 millions, les cigares et

  1. Recettes prévues Recettes réelles
    Douanes 865 milles Douanes 871 millions
    Terres 9 Terres 16
    Impôt intérieur 1,108 Impôt intérieur 1,012
    Divers 228 Divers 248
    Total 2,210 Total 2,150