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étrangères réexportées, et de 1,426 millions pour les exportations. La balance commerciale aurait donc été de 416 millions au détriment de l’Amérique. Cet écart est compensé par une exportation de métaux précieux qui s’est élevée à 424 millions. En 1869, il est notoire que l’écart commercial s’est accru au détriment de l’Amérique, et le chiffre de l’exportation des métaux précieux a en même temps diminué. Ceci tient à ce que le plus souvent, au lieu de s’acquitter vis-à-vis de l’étranger en espèces métalliques, l’Amérique a pris l’habitude de solder l’écart de la balance commerciale en obligations de la dette, qui, par suite de la consolidation du crédit et surtout en raison du chiffre élevé de l’intérêt qu’elles rapportent, trouvent sur nos marchés un placement assez facile. Néanmoins, ces titres étant encore cotés au-dessous du pair, l’exportation de ces valeurs constitue pour les débiteurs américains une perte sensible, puisqu’ils livrent en ce moment à leurs créanciers étrangers pour 80 fr. environ des effets destinés à un remboursement de 100 fr. Ce mode de paiement est d’ailleurs exposé à des chances diverses. Telle complication inattendue, même une inquiétude passagère sur les places européennes, peuvent aggraver la situation des vendeurs américains vis-à-vis des acheteurs étrangers, et amener une baisse subite dans la valeur commerciale des titres. Nous en avons vu un récent exemple. Le congrès a sans doute consolidé la situation des obligations fédérales par la loi qui en a régularisé le mode de remboursement, il n’a pas entièrement fait disparaître pour cela ces fluctuations subites.

À ces causes d’appauvrissement du marché monétaire aux États-Unis, viennent s’ajouter celles qui résultent de la situation faite aux billets du trésor par le cours forcé. La dépréciation qui en résulte pour la monnaie fiduciaire expulse les métaux précieux de la circulation. La reprise des paiemens en espèces ne pourrait manquer d’ailleurs de provoquer une diminution dans le prix de la main-d’œuvre, et faciliterait le développement des forces productives du pays. Or, du moment que les produits indigènes seront à même de soutenir avec moins de désavantage la concurrence du dehors, l’écart entre les importations et les exportations se modifiera dans un sens favorable aux intérêts de l’Union. Cette seconde question est encore pendante ; mais le principe en est nettement posé, et les représentans du pays ne sauraient tarder à la résoudre. Régularisation du mode de remboursement des titres, reprise des paiemens en espèces, ce sont les deux problèmes dont la solution importe avant tout au rétablissement de l’équilibre dans les finances américaines, et que nous allons examiner.

Dans son rapport de 1867, M. Mac-Culloch, secrétaire de la trésorerie, avait estimé les dépenses de l’année fiscale, qui se terminait le 1er juillet 1868, à 2 milliards 82 millions, les recettes à 2 milliards 210. Les dépenses s’élevèrent à 2 milliards, et l’excédant des recettes laissa