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ment ces idées, ils nourrissent toujours l’espérance d’arriver à trouver un roi tout neuf, fait exprès pour eux. L’imprévu tranche bien des nœuds inextricables en Espagne. C’est un problème de savoir si le voyage que le général Prim devait faire à Vichy et qu’il n’a pas fait encore, qu’il ne fera peut-être pas, si les carlistes continuent à lui donner de l’occupation, n’était pas destiné à exercer quelque influence sur la fin de l’interrègne espagnol.

Que la question se dénoue au profit du prince Alphonse ou de tout autre prince inconnu, il y a dans tous les cas une nécessité première qui s’impose au gouvernement de la régence, c’est de raffermir l’ordre ébranlé, c’est surtout de mettre la main à la réorganisation des finances. Ici il n’y a plus vraiment à reculer. L’Espagne ne peut faire un pas sans toucher à quelque catastrophe financière. La révolution espagnole a trouvé jusqu’ici un certain crédit en France et en Europe, elle est tenue de faire honneur à cette confiance qu’on lui a témoignée, au risque de braver l’impopularité qui s’attache souvent au rétablissement d’impôts nécessaires. L’Espagne a besoin aujourd’hui de deux choses essentielles qui se tiennent, une armée et de l’argent ; elle en a besoin non-seulement pour sa sécurité intérieure, mais encore pour faire face à ce danger qui la menace de l’autre côté de l’Atlantique, l’insurrection de Cuba. L’abandon de Saint-Domingue, il y a quelques années, n’était que le démenti opportun d’une erreur de politique, à peu près comme a été notre retraite du Mexique ; l’abandon de Cuba serait à la fois une diminution de puissance et une perte considérable. La question est de savoir s’il n’est pas déjà bien tard. Le fait est que cette insurrection, au lieu de diminuer, ne fait que grandir. L’armée espagnole semble elle-même fort peu disciplinée. Des mutineries de soldats forcent les généraux à s’embarquer ; pendant ce temps, l’insurrection devient une révolution qui réunit une assemblée, qui fait une constitution. De plus, les États-Unis ont refusé jusqu’ici de se mêler de ces affaires, ils ont résisté aux appels des insurgés cubains et des auxiliaires prêts à leur porter secours. Qui peut dire cependant que les États-Unis résisteront indéfiniment ? Alors ce serait le commencement de la fin pour la domination espagnole à Cuba. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.
Traité de Paléontologie végétale, ou la Flore du monde primitif dans ses rapports avec les formations géologiques, par M. W.-Ph. Schimper, professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Strasbourg ; 3 vol. in-8o avec atlas in-4o. Paris, Baillière et fils, éditeurs.


L’écorce du globe que nous habitons se compose de couches déposées lentement et successivement au sein des océans géologiques, dans les