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LE SPIRITUALISME
DANS LA SCIENCE

Conséquences philosophiques et métaphysiques de la thermodynamique, par M. G. A Hirn. Paris 1868.

La science n’est, à proprement parler, ni spiritualiste ni matérialiste ; elle s’occupe uniquement des modes et des qualités de la matière, soit inorganique, soit organisée. Dans le monde infini des phénomènes, elle cherche les causes médiates et non les causes premières ; elle classe, elle groupe les êtres sans s’informer de l’origine de l’être ; elle ramène tous les mouvemens à une dynamique gouvernée par des forces, elle n’essaie point de pénétrer l’essence même de ces causes inconnues que nous appelons des forces. Il n’est pas étonnant que les esprits accoutumés aux recherches scientifiques finissent par oublier qu’il y a quelque chose derrière ce grand horizon qu’ils embrassent sans cesse ; l’inconnu, le je ne sais quoi qui se tient caché derrière tout axiome, toute définition, toute loi, s’évapore, pour ainsi dire, et disparaît pour toujours ; au sein du relatif, on néglige l’absolu. La méthode expérimentale exige de ses adeptes plus de patience et de pénétration que d’étendue dans l’esprit ; les intelligences qui planent très haut et qui montent jusqu’à la philosophie s’oublient volontiers à des contemplations stériles, et ne descendent pas souvent au rôle d’ouvrières. Les observations, les analyses, les expériences, qui seules peuvent enrichir la science, la rivent à la matière ; le chimiste est lié à l’atome, le naturaliste à la plante, à l’animal, le physiologiste aux tissus vivans, l’astronome aux grands corps sans vie qui traversent