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SOUVENIRS
D'UN
DIPLOMATE ANGLAIS

A Memoir of the right honourable Hugh Elliot, by the countess of Minto. Edinburgh 1868.

Il est de mode aujourd’hui dans une certaine école politique de répéter que la diplomatie a fait son temps, que le droit nouveau ne s’accommode plus de son intervention, que d’ici à peu les plus grandes affaires seront traitées directement et par le télégraphe de ministre à ministre. C’est là certes aller un peu vite en besogne. N’eussent-ils pour se défendre d’autre appui que celui de la tradition et de la routine, les diplomates pourraient compter sur de longs jours. A plus forte raison le peuvent-ils, si, comme il y a lieu de le croire, leur assistance dans les momens de crise est encore nécessaire. Ce qui cependant ne saurait être mis en doute, c’est que les conditions d’existence de la diplomatie se sont profondément transformées. Autrefois il n’y avait qu’une porte par où l’on put entrer dans la carrière, celle de la faveur ; mais une fois qu’elle s’était ouverte, on n’avançait point comme aujourd’hui à pas comptés. Qu’un homme fût de bonne compagnie, qu’il eût de l’esprit avec du savoir-faire, et d’emblée on l’envoyait, quel que fût son âge, dans un poste où son mérite pouvait se déployer, à l’aise. Là, autant pour prendre pied que pour faire honneur au souverain qu’on représentait, la première condition était de tenir un grand état de maison, et comme il n’y avait aucune proportion entre la rétribution et les