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L'ESPAGNE
ET
L'ESCLAVAGE DANS LES ILES DE CUBA ET DE PORTO-RICO

Les destinées de Cuba et de Porto-Rico, derniers et magnifiques débris de la puissance coloniale de l’Espagne, sont toujours dans une pénible incertitude ; elles dépendent des résultats d’une discussion parlementaire à Madrid et des hasards sanglans d’une insurrection locale. Les événemens avaient porté au pouvoir deux anciens capitaines-généraux de Cuba, le maréchal Serrano et le général Dulce, et un ancien capitaine-général de Porto-Rico, le général Prim. Tous trois s’étaient prononcés publiquement en faveur des réformes si justement et si vainement réclamées depuis trente ans par les habitans des Antilles espagnoles. Cependant le gouvernement provisoire de 1838 n’a pas imité à Madrid la noble hardiesse déployée par le gouvernement provisoire de 1848 à Paris. Il n’a point aboli l’esclavage. S’il a donné aux colonies le droit d’élire des députés aux cortès, il s’est sur tout le reste contenté de renouveler, dans sa circulaire du 27 octobre 1868, des promesses cent fois répétées et cent fois éludées. Un amendement proposé par un député et déclarant la servitude abolie sur toute la surface du territoire espagnol n’a pas été inséré dans le projet de constitution, dont l’article 107 annonce seulement que a des réformes seront opérées aussitôt que les députés des colonies auront pris séance aux cortès constituantes. »

Pendant ce temps, Cuba est en pleine insurrection. Un décret de l’ancien gouvernement, daté du 12 février 1867, avait aggravé subitement les impôts et provoqué un soulèvement dans le département oriental de l’île. Les insurgés n’avaient d’abord arboré que le drapeau des réformes à Jara et à Bayamo. A la nouvelle des