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ÉTUDES ET PORTRAITS
DU
SIÈCLE D’AUGUSTE

IV.
LA MERE DE NERON[1].

La seconde Agrippine, fille de Germanicus, est une figure altière et souveraine qui mérite un portrait à part. Cette femme extraordinaire, dont l’intelligence servait si bien l’ambition et dont la beauté cachait mal l’âme virile, a joué un rôle insigne dans l’histoire. Elle tenait de ses parens les dons les plus opposés : de sa mère, Agrippine, la fermeté, un caractère indomptable, une opiniâtreté qui ne se pliait ni à l’obéissance ni au silence ; de son père, Germanicus, le goût de plaire aux honnêtes gens et la passion de la popularité ; de sa grand’mère, Julie, l’esprit, l’orgueil aristocratique et une audace effrénée ; de son aïeul, Agrippa, une énergie mâle et en quelque sorte plébéienne, le sens des affaires, l’aptitude à bien administrer.

Elle était née à Cologne l’an 16 de l’ère chrétienne. Le souvenir de ses premières années était un mélange d’impressions brillantes et lamentables : d’une part la grande situation de son père sur les

  1. Voyez, dans la Revue du 15 mars, le Règne de Claude et des Césariens.