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connaissance des choses sacrées. S’étant entendue avec eux, aidée de leurs lumières et après avoir pris avec grand soin en considération les divers rapports sur ces objets, sa sainteté cherchera avec le secours du Seigneur le moyen de combiner toute chose pour la satisfaction réciproque des deux parties. Elle espère arriver à cette fin, vers laquelle elle soupire, animée d’une ferme confiance que sa majesté voudra favorablement accueillir les représentations que sa sainteté croira nécessaire de lui faire, et que sa majesté ouvrira les voies pour accomplir heureusement les avantages spirituels de l’église[1]. »


A peine les cardinaux avaient-ils remis cette note, dont ils étaient les signataires, mais nullement les inspirateurs, que, remplis d’effroi, ils se hâtèrent de faire savoir à Paris qu’on aurait grand tort de leur en imputer la responsabilité. « Le pape n’a point adopté notre projet, écrivait le cardinal de Bayanne, disant que pour le repos de sa conscience il avait absolument besoin d’un conseil plus nombreux avant que de s’engager… Mes collègues et M. le préfet de Savone, qui est goûté et très estimé du pape, ont fait auprès de lui tout ce qu’ils pouvaient pour le décider à l’extension. Je croirais volontiers qu’un conseil plus ample en viendrait peut-être à bout. J’avais espéré que mon projet serait mieux accueilli, étant donné par M. Bertalozzi, qui le goûtait et qui a du crédit auprès du saint-père, tandis que je n’en ai plus aucun ; mais sa sainteté l’a rejeté…[2]. La vérité est que tous mes collègues, M. Bertaiozzi et moi, avons fait tout ce qui était en nous pour engager dès à présent le pape à l’extension du bref à tous les évêchés. Si nous n’avons pas réussi, il faut s’en prendre à notre peu de crédit et, pour ce qui me concerne, à la nullité du mien depuis que le bref du pape est expédié et que la lettre de sa sainteté à l’empereur est restée sans réponse, car je suis trop sincère pour ne pas vous avouer mes fautes : je m’étais trop presse de croire et de faire croire à sa sainteté qu’elle aurait une réponse obligeante et des marques utiles pour l’église et pour elle-même de la satisfaction de sa majesté impériale[3]. » M. de Chabrol, également affligé de ce qu’il appelait « l’entêtement du pape, » prenait soin de faire remarquer que Pie VII avait commencé par dire un non positif, et que les représentations continuelles qui lui avaient été faites l’avaient insensiblement amené à faire simplement la demande d’un conseil. Le préfet de Montenotte ne désespérait donc pas encore. « J’ai pensé, écrivait-il au ministre des cultes, qu’il était convenable que personne ne connût la note qui a été remise,

  1. Note des cardinaux en réponse a celle remise par les évêques députés, 17 novembre 1811.
  2. Lettre du cardinal de Bayanne au ministre des cultes, 19 novembre 1811.
  3. Ibid., 23 novembre 1811.