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à l’imprimerie impériale, quoiqu’elles soient déjà passablement instructives, mais de celles plus probantes et plus explicites que j’ai déjà produites, que je produirai encore, et que personne, ils peuvent en être assurés, ne démentira jamais.

À ce sujet, puisque le père Theiner a le goût de publier des dépêches officielles, puisqu’il a fait partager ce goût à son ami, M. le directeur des archives étrangères, à ce point que ces messieurs échangent réciproquement, pour les publier, les documens dont ils ont la garde, qu’il me permette de lui dire qu’il est beaucoup plus encore qu’il ne se l’imagine l’obligé de M. Faugère. Ces documens qu’il publie aujourd’hui, je les connais en effet depuis longtemps ; j’en ai demandé la communication à M. le marquis de Moustier et à M. Faugère lui-même, qui venait justement d’être nommé à la place qu’il occupe présentement. Après bien des remises, bien des hésitations, j’ai enfin reçu un billet très courtois de M. de Moustier, daté du 27 février 1867, par lequel ce ministre voulait bien me faire savoir qu’à son très grand regret un récent règlement lui interdisait absolument d’ouvrir à personne les archives de son département ; c’est donc un règlement, et un règlement tout récent, qui a été mis de côté en faveur de M. Theiner. Cela est d’autant plus flatteur pour lui qu’au temps où j’avais l’honneur d’appartenir au ministère des affaires étrangères il était de tradition de ne pas accorder à des étrangers, en matière de communication de pièces, ce qui était refusé aux nationaux. Il paraît que cela est changé. Je n’ai pas qualité pour m’en plaindre. Cela ne me regarde pas ; il y a peut-être des raisons que j’ignore. Je me bornerai à exprimer un vœu qui sera probablement celui du public. Puisqu’au Vatican, puisqu’aux archives des affaires étrangères les deux directeurs ont été pris d’un si bel amour de la publicité, puisqu’ils s’entendent si cordialement pour nous communiquer inopinément des pièces dont tout le monde serait heureux de tirer quelque profit, de grâce qu’ils nous donnent tout. Donner et retenir ne vaut. Qu’ils ne fassent donc point comme la commission officiellement nommée pour imprimer la correspondance de l’empereur Napoléon Ier, laquelle publie ce qui lui convient et supprime ce qui lui déplaît. S’ils avaient fait de même, nous ne serions pas, malgré l’abondance des pièces mises au jour par le père Theiner, beaucoup plus avancés dans la voie un peu tortueuse qui mène à la découverte de la vérité.


D’H.