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commencement, avait repris avant la fin de la séance l’air tranquille et la douce sérénité qui la caractérisaient[1]. Le préfet de Montenotte était ravi de ce résultat et de la façon dont s’étaient comportés tous les cardinaux, auprès desquels il s’était si souvent et si heureusement entremis. « Le cardinal Roverella a bien soutenu l’idée que je m’étais faite de lui, écrit-il ; il a constamment maintenu son ascendant, et tranché les choses comme un homme accoutumé à soumettre des décisions à l’approbation de son chef. Dugnami a également très bien parlé et satisfait entièrement M. de Bayanne. Les autres ont marché dans le même sens. » Avec sa clairvoyance ordinaire, le préfet de Montenotte ouvrit après cette première conférence l’avis qu’il serait maintenant à propos d’accorder quelque temps au pape pour tout terminer. « Il est, écrit-il, accoutumé à toutes les lenteurs de la cour de Rome, et le meilleur est de ne le point presser sur ce point, afin de lui laisser l’idée qu’il a agi avec maturité. » Les évêques français, qui commençaient à s’ennuyer de leur séjour à Savone, avaient un peu moins de patience. Ils trouvaient que le cardinal Roverella, chargé, avec le concours de l’archevêque d’Édesse, de rédiger le bref, y mettait beaucoup de temps. M. de Barral mandait à M. de Préameneu que les porporati « avaient peu l’habitude de ces sortes de rédaction. S’ils eussent pris le parti de s’adresser à nous, il y a apparence qu’entre l’évêque de Nantes et moi, M. de Trêves et les autres, nous leur aurions épargné bien du travail et bien de l’inquiétude ; mais il y a une espèce de punctilio qui veut qu’à moins d’être employé dans ces affaires d’une manière très subordonnée il faut être habillé de rouge. Le violet ne suffit pas[2]. »

Le bref en question fut enfin terminé et communiqué aux évêques le 11 septembre 1811. « Ce que je puis en dire dès aujourd’hui sommairement, écrit M. de Barral au ministre des cultes, c’est que les cinq articles décrétés par le concile y sont relatés textuellement et mot pour mot… Ils sont pleinement approuvés et confirmés par le pape, sans réserve ni restriction. Deux fois il y est fait mention de l’empereur, à propos de l’envoi des deux députations et dans le style ordinaire qui avait lieu avant tous les événemens des dernières années. Une troisième fois, en finissant, le saint-père y exprime ses vœux et ses prières pour le bonheur de sa majesté. Je pense que sous ce rapport votre excellence en sera pleinement satisfaite, et qu’il ne déplaira point à l’empereur[3]. » Les observations auxquelles la rédaction pouvait donner lieu étaient plutôt de forme, au dire de l’archevêque de Barral lui-même, et se

  1. Lettre de M. de Barral à M. Bigot de Préameneu, 8 septembre 1811.
  2. M. de Barral à M. Bigot de Préameneu, 10 septembre 1811.
  3. Ibid., 12 septembre 1811.