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de Magdala et se rendre lui-même sans conditions., La promesse de la vie sauve et d’un traitement en rapport avec sa situation passée lui était seule faite.

C’est avec la plus vive anxiété que l’année attendit de connaître l’effet produit par cet ultimatum rigoureux sur le négus, dont on n’ignorait pas le caractère aider et les farouches, emportemens. Aussi grande fut la joie de tous lorsqu’on vit le soir même arriver, au camp les prisonniers anglais renvoyés par Théodoros, aux avant-postes. Le roi offrait un troupeau en présent au commandant en. chef ; ce présent ne fut pas accepté, et les conditions furent répétées de nouveau. Sir Robert Napier accordait à l’ennemi un délai pour y répondre, jusqu’au 13 avril au ; matin. Quelques Européens restaient encore captifs à Magdala : . dans la journée du 12, ils furent renvoyés au camp ; mais aucune réponse ne fut faite aux conditions imposées pour la capitulation.

Il parait hors de doute qu’à ce moment Théodoros eut la pensée de s’échapper de Magdala, et de se retirer dans une autre forteresse, distante de quelques lieues ; mais, cerné comme il l’était de toutes parts, il fallait, pour accomplir ce projet désespéré, qu’il pût emmener dans sa retraite une troupe de soldats dévoués capable de se frayer un passage au milieu de ses ennemis. Aucun de ses plus fidèles ne répondit à l’appel du négus. C’est alors, dit-on, qu’il tenta une première fois d’en finir avec la vie ; le coup qui devait le frapper fut détourné par un de ses serviteurs. Abandonné de tous depuis qu’une journée fatale avait fait tomber son prestige, ce malheureux chef attendit alors avec une sorte d’inertie résignée que l’heure de la vengeance eût sonné pour l’Angleterre. Il voulait bien succomber sous les coups d’une implacable destinée ; mais sa fierté de barbare se révoltait à toute idée de soumission.

Le 13 avril au matin, l’armée anglaise prit les armes ; ne laissant au camp que les gardes nécessaires, le général en chef mit ses troupes en mouvement sur Magdala, et disposa ses, moyens d’attaque pour le cas où l’ennemi défendrait ses positions. A peine la colonne était en marche qu’on vit descendre de toutes les hauteurs une foule d’hommes, de femmes, d’enfans, chargés d’armes et d’effets de toute sorte, et traînant à leur suite un nombre considérable de chevaux et de mulets. C’étaient les débris de l’armée de Théodoros et la population de Magdala qui fuyaient les calamités de la guerre, implorant la merci des vainqueurs. Les hommes furent désarmés, puis on laissa tous ces malheureux gagner l’intérieur du pays. Il était évident que l’armée ne rencontrerait aucune résistance. Les deux ambas de Fala et de Sélassé furent occupées sans coup férir ; on n’y trouva que quelques canons, les mêmes qui avaient tiré sur les troupes anglaises dans, la journée du 10, et dont