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des rochers. Pendant tout ce temps, l’activité la plus grande régnait en arrière : entre Zoulla et le quartier-général, c’était un mouvement incessant de convois. Sans compter l’établissement de Sénafé, où venaient chaque jour s’entasser des ressources, tirées du pays même ou de la mer, on forma sur plusieurs points de petits dépôts gardés par des postes pour assurer presque à chaque station le ravitaillement des colonnes nombreuses qui suivaient l’avant-garde.

Cependant trois mois à peine restaient encore avant la saison des pluies. Quelques nouvelles reçues des prisonniers, quelques renseignemens recueillis autour de nous, confirmaient le général en chef dans l’espoir d’atteindre Théodoros à Magdala ; mais les évaluations les moins exagérées estimaient que cette place était encore à quinze journées de marche. D’un autre côté, si l’armée anglaise avait eu quelque difficulté à faire mouvoir, ses colonnes dans les plaines du Tigré, tous les rapports faisaient pressentir que des obstacles bien plus sérieux l’attendaient au-delà d’Antalo. Le pays était ravagé par la guerre civile, partagé entre une foule de petits chefs sans cesse en lutte les uns contre les autres ; il était douteux qu’on pût en obtenir autant de secours que du prince Kassa. Sir Robert Napier prit promptement un parti décisif. Il fallait à tout prix que la campagne fût terminée avant la un de mai, et pour cela force était d’atteindre Magdala dès le commencement d’avril. La route était ouverte, entre la mer et Antalo : sans retard, le général en chef expédia des ordres à Zoulla et fit avancer à marches forcées les diverses colonnes qui devaient se réunir sous son commandement pour attaquer la position de Magdala. Lui-même résolut de se porter en avant avec la tête de colonne pour se rendre compte des difficultés et des ressources qu’il allait rencontrer. Par une sage prévoyance, il fit établir à Antalo une troisième grande place de dépôt dont le rôle devait être capital pendant le reste de la campagne. Ce point extrême des provinces soumises à l’autorité de Kassa était indiqué comme devant former le dernier grand centre d’approvisionnemens à la lisière d’un pays dont on. ignorait encore ce qu’il serait possible de tirer.


II

C’est à ce moment qu’allait commencer pour l’armée anglaise une série de privations, de fatigues et d’épreuves de toute nature qui donnent à la campagne d’Abyssinie un caractère tout particulier. Réduits au plus strict nécessaire comme moyens de transport, manquant parfois de vivres et n’ayant pas le stimulant d’une victoire glorieuse et probable comme prix de leurs efforts, officiers et soldats supportèrent ces pénibles travaux avec une constance et une