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IMPRESSIONS DE VOYAGE
ET D’ART.
V.
SOUVENIRS DE HOLLANDE[1].

I. — LA HAYE.

De toutes les villes de l’Europe, La Haye est peut-être celle qui donne le mieux une vision lointaine de ce que dut être Versailles aux derniers temps de l’ancienne monarchie, par exemple vers l’époque où Sterne le visita, et s’amusa à dessiner la figurine de son chevalier de Saint-Louis marchand de petits pâtés : vision certes bien imparfaite, car La Haye n’évoque aucune idée de faste et de magnificence, et les carrosses où tant d’or se relève en bosse n’abondent pas dans ses rues. A La Haye, séjour de la maison royale de Hollande et de ce que le petit royaume compte d’aristocratie en fonctions officielles[2], tout est vraiment plus simple que partout

  1. Voyez la Revue du 1er février.
  2. La haute société hollandaise semble assez inégalement disséminée sur l’étroite surface de ce petit pays ; cependant il est en dehors de La Haye trois régions qu’elle nous a paru habiter de préférence : la campagne semée de riantes villas entre Harlem et Amsterdam; Utrecht, ville opulente et de sévère tenue, où se retirent bon nombre de hauts fonctionnaires retraités et de riches commerçans qui ont renoncé aux affaires, et la Gueldre, la plus nobiliaire historiquement et la plus féodale des provinces hollandaises, qui, m’apprend-on, est en outre le séjour favori des personnes qui ont fait fortune aux Indes.