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la seconde moitié du IIe siècle. Ce qui est un argument plus décisif, c’est que les briques qui entrent dans ces constructions et qui, selon l’usage romain, portent la marque du fabricant qui les a fournies, ont toutes été faites sous le règne de Marc-Aurèle. Ces travaux sont donc antérieurs à Zéphyrin et à Calliste, qui vivaient sous Sévère. M. de Rossi en conclut qu’à la fin du IIe siècle, entre la voie Appienne et la voie Ardéatine, il y avait déjà un cimetière qui appartenait aux chrétiens. Il croit de plus pouvoir affirmer que ce cimetière leur venait de la libéralité de quelque grand seigneur dont il cherche à retrouver le nom. Par bonheur, ce nom n’est pas difficile à connaître. Cicéron nous apprend que les tombeaux des Cæcilli Metelli étaient situés tout près de la porte Capène. Les fouilles qu’on a faites dans ces dernières années ont permis d’en préciser la place. Au-dessus du cimetière de Calliste, on a retrouvé et on retrouve tous les jours des tombes qui appartenaient aux serviteurs et aux affranchis de cette puissante famille. Dans le cimetière lui-même, le long des galeries les plus anciennes, les mêmes noms se rencontrent. On y lit les épitaphes d’un certain nombre de Cæcilii et de Cæciliani, dont quelques-uns semblent avoir été des personnages importans. Cette coïncidence prouve que les propriétaires du sol n’ont pas ignoré l’existence de la crypte, qu’ils l’ont permise et qu’ils s’en sont servis. M. de Rossi est donc autorisé à en conclure qu’au IIe siècle, vers l’époque des Antonins, un des Cæcilii, devenu chrétien, aura donné ce terrain à ses frères pour y construire une sépulture commune, et que lui-même ou ses descendans auront voulu y reposer.

Ce premier point éclairci en explique un autre. Le cimetière de Calliste porte quelquefois dans les anciens documens le nom de sainte Cécile, et l’on sait que cette illustre martyre y avait été ensevelie. M. de Rossi a retrouvé son tombeau, qui depuis onze siècles n’était plus connu, et là encore, auprès du sarcophage de la sainte, il a pu lire les épitaphes de quelques membres de la famille des Cæcilii. Il pense que ce devaient être ses parens, et que le lieu de sa sépulture, le nom qu’elle porte, les personnages qui l’entourent, indiquent assez qu’elle appartenait, elle aussi, à cette famille. C’est du reste ce que semblent dire les actes de son martyre, quand ils lui font répondre au préfet de Rome, qui l’interroge : « Je suis libre, noble et fille de sénateurs. » Il est vrai que ces actes n’avaient inspiré jusqu’ici aucune confiance à la critique. Tillemont déclare « qu’ils ont peu d’apparence de vérité et qu’il n’y a pas moyen de les soutenir. » M. de Rossi n’est pas de cet avis. Il les soutient avec courage et souvent avec bonheur. Les découvertes qu’il a faites lui permettent de montrer que l’auteur de cette relation ne s’est pas