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cières pour les valeurs qui leur appartiennent, et quant aux fermages des terres et aux locations des maisons, on se servirait d’un tarif de conversion. Ainsi, soit qu’on fasse de la nouvelle monnaie internationale une monnaie d’appoint, soit qu’on en fasse une monnaie légale avec les mêmes droits que les autres, il ne peut y avoir de difficulté dans l’exécution. Quelle autre objection peut-on faire encore? Qu’elle n’est pas une unité suffisante, et qu’il en faudrait une plus forte; mais au moyen de la décimalité de la pièce de 10 francs, on peut, si l’on veut, avoir 100 francs comme monnaie de compte, on n’a qu’à opérer un simple déplacement de virgule. Il ne sera même pas nécessaire de frapper cette pièce, il suffira d’en avoir la division exacte. Que peut-on désirer de mieux, et quelle est la combinaison qui présente de pareils avantages?

Les Anglais ne contestent pas que le système de la pièce de 10 francs ne soit très estimable. Il a été présenté par leurs propres délégués à la conférence de 1867, et soutenu par les hommes les plus autorisés dans leur dernière enquête. Seulement ils voudraient qu’il leur fût démontré qu’il n’y en a pas d’autre se rapprochant davantage de leur système monétaire qui ait quelque chance de succès. Cette démonstration nous paraît résulter de tout ce que nous avons dit. Que les Anglais cèdent, et l’unification ne trouvera plus d’obstacle. Ce ne sont pas Américains qui s’y opposeraient, eux qui dans le premier moment étaient décidés à changer leur dollar et à le mettre en rapport avec notre pièce de 5 francs. S’ils ont été arrêtés dans cette voie, c’est parce qu’ils ont vu les objections de l’Angleterre, et qu’ils ont compris, ce qui était juste, que leurs plus grands intérêts étaient de ce côté. Du moment que les Anglais céderaient, les États-Unis n’élèveraient plus de difficultés. L’Allemagne n’en ferait pas non plus, bien que sa monnaie ne cadre pas beaucoup avec le système nouveau, que ni le thaler, ni le florin, ne soient des divisions exactes de la pièce de 10 fr. Elle a senti les inconvéniens de ses différences monétaires, et ce que nous proposons vaudrait mieux pour elle que son équation de 1857, qui n’est pas très exacte, et qui, nous le croyons, n’a pas très bien réussi. En adoptant la pièce de 10 francs, les Allemands ne seraient obligés pour cela d’abandonner ni leur thaler, ni leur florin; ils pourraient parfaitement les conserver, comme l’Angleterre son shilling et sa livre sterling. Ils n’auraient qu’à frapper la nouvelle pièce avec des divisions décimales, et alors leurs monnaies, aujourd’hui rebelles à l’unité sur quelque base qu’on la propose, s’adapteraient à merveille avec cette pièce; le thaler représenterait 34 centièmes de la monnaie universelle, le florin du nord 21 centièmes, celui du sud 25. On s’entendrait donc pour les