Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à un certain point les premières actions dont la Banque ait eu le dépôt. Aujourd’hui un service spécial, créé en 1853 et fort surchargé, est consacré au dépôt des titres qui sont indéterminés, et n’ont, sous ce rapport, aucune ressemblance avec ceux sur lesquels on fait des avances. En 1868, la Banque a reçu à Paris 22,860 dépôts volontaires, formant ensemble 661,939 titres de valeurs françaises et étrangères, de 924 natures différentes. Non-seulement la Banque garde ces actions, ces obligations, mais elle en touche les arrérages pour le compte des propriétaires, qui viennent les recevoir lorsque l’heure de l’échéance a sonné. L’année dernière, ces arrérages se sont élevés à la somme de 62,903,993 francs. La caisse où les dépôts sont conservés s’appelle la serre; c’est du reste le nom que la Banque donne à toutes les caisses qui, n’étant pas destinées à la dépense ou à la recette, sont réservées à la garde des valeurs non circulantes, comme papiers pour billets, billets imprimés, billets non encore émis. Cette fois du moins, le nom est bien trouvé, car le local lui-même fait illusion, et c’est bien une serre qu’on a sous les yeux. C’est une vaste salle oblongue assez semblable à une galerie, éclairée par un jour d’atelier et garnie d’énormes armoires dont les légers montans de fer sertissent des glaces transparentes. Le bâtiment est récent, et l’on peut voir quel soin la Banque apporte à ses nouvelles constructions : il ne contient pas un atome de bois; il n’y entre que du fer, de la pierre, du verre, de l’ardoise. L’incendie serait habile, s’il pouvait mordre sur de tels matériaux. On ne saurait du reste s’entourer de précautions trop minutieuses pour défendre un tel trésor. Lorsque j’ai été admis à le voir, il représentait l,240,159,863 francs, au cours de la Bourse du jour, et se composait de 2,383,561 titres.

Non loin du dépôt s’ouvre le bureau des actions, qui sont, d’après la loi, au nombre de 182,500, dont 124,613 inscrites à la banque centrale, et 57,887 dans les succursales. Le registre sur lequel elles sont relatées en contient l’historique depuis l’origine jusqu’à l’heure présente, et l’on peut, en le consultant, savoir entre quelles mains elles ont passé, combien ont été transférées volontairement, combien à la suite de décès, combien atteintes d’oppositions. Elles ont le privilège de pouvoir être assimilées à un immeuble et, comme telles, d’être frappées d’hypothèques, de servir à un emploi de régime dotal, de former un majorât. L’héritier d’un des grands noms du premier empire a encore aujourd’hui son majorât constitué de la sorte. Le registre ou, pour mieux dire, le grand-livre, ce fameux grand-livre dont on a si souvent parlé, est composé de seize énormes volumes qui pèsent chacun une vingtaine de kilogrammes. Ils sont en double, et chaque soir, au moment de la fermeture du