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de ramasser un billet ou un appoint en écus. Ces pertes sont assez considérables pour la galerie, 25 ou 30,000 francs par an au moins. Elles sont personnelles et retombent tout entières, d’un poids souvent très lourd, sur le pauvre homme qui s’est laissé duper. Heureusement qu’il trouve une compensation parfois importante dans les excédans de recette, que la Banque lui abandonne sans discussion.

Si je me suis si longuement étendu sur l’escompte, c’est que, de toutes les opérations, c’est celle qui fait le plus de bien, qui pénètre le mieux jusqu’aux dernières couches de la société ; par les immenses services qu’elle rend chaque jour, elle suffirait à expliquer l’existence de la Banque de France et à justifier le respect dont elle est environnée. Toutefois cette opération, qui est bien réellement la base du crédit et du travail industriels, n’est pas la seule dont la Banque soit le théâtre. Il en est d’autres qui, d’un caractère moins universel, offrent cependant une grande utilité pratique, et dont il convient de dire quelques mots. En première ligne se placent les comptes courans. Tout individu, pourvu qu’il ne soit pas failli non réhabilité, peut avoir un compte courant à la Banque ; il suffit de remplir certaines formalités faciles et d’adresser une demande au conseil, qui ne refuse jamais. On peut dès lors confier des fonds à la Banque, en disposer selon ses besoins à l’aide de mandats payables au porteur, à la condition expresse que la valeur du mandat ne dépassera jamais celle de la somme déposée. La Banque devient donc dépositaire et caissière ; elle est responsable de la somme reçue, touche et paie au lieu et place de celui à qui est ouvert un compte courant. Ce sont les gros négocians, les notaires, les agens de change, qui usent surtout de ce moyen très sûr de garder de l’argent et de le faire mouvoir sans en avoir l’embarras. Pour beaucoup de ces personnes, principalement pour les notaires et les agens de change, les mandats donnés sur la Banque sont des mandats de virement. Si à la suite d’une liquidation un agent de change doit 100,000 francs à l’un de ses confrères, au lieu de le payer en écus ou en billets, il lui remet un bon de virement qui est envoyé à la Banque ; on débite le compte du premier agent de change de la somme indiquée, et l’on en crédite le compte du second ; le paiement est effectué sans échange d’espèces. Ce système est très pratique, il est d’une sécurité parfaite, et apporte dans les relations financières une économie de temps considérable. Les personnes admises au compte courant et à l’escompte ont aussi la faculté de faire toucher par la Banque les effets qu’elles ont à recevoir ; cette opération, qu’on appelle le comptant, est absolument gratuite. Ce service prend un accroissement extraordinaire, et pourrait même, par l’encombrement qu’il occasionne, par les frais qu’il