Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chambre qui se hâte de venir payer un effet. Cette première impression est très vive et inspire un grand respect pour cet établissement, qui, n’ayant en vue que l’intérêt public, prête indifféremment son secours à tout le monde.

L’escompte est, de toutes ses œuvres, la plus importante et la plus générale. C’est une opération à l’aide de laquelle on obtient d’une maison de banque, moyennant un droit consenti, l’argent dont on a besoin immédiatement et qu’on ne devrait normalement toucher qu’à une époque déterminée, qui ordinairement est de trois mois. Cet argent est représenté par un effet, — lettre de change, billet à ordre, — qui devient momentanément monnaie fiduciaire à la condition que chaque possesseur successif y mettra non-seulement sa signature, mais encore le nom de la personne à laquelle il le livre : c’est ce qu’on appelle l’endos, parce que ces différentes inscriptions sont tracées sur le dos des billets. En terme de métier, l’escompte est la prime payée au banquier qui avance l’argent d’un effet dont l’échéance n’est pas encore arrivée. Létaux de l’escompte est essentiellement variable, puisqu’il répond à des exigences plus ou moins impérieuses, et satisfait des besoins plus ou moins pressans. C’est le conseil-général qui, consultant le marché monétaire de France et d’Europe, fixe lui-même et en toute liberté d’action à quel taux la Banque consent à escompter les billets. L’argent est une marchandise qui perd ou acquiert de la valeur, selon qu’il est abondant ou rare. On peut être certain, lorsqu’on voit l’escompte de la Banque très bas, comme en ce moment, où il est à 2 1/2, que les capitaux accumulés engorgent les caisses particulières, et ne peuvent trouver de débouché offrant assez de sécurité pour les attirer. Tout individu qui fait des affaires et qui par conséquent a besoin de crédit, banquier, négociant, marchand, entrepreneur, a recours à la Banque pour avoir la faculté de faire escompter des billets par elle. Il adresse au conseil une demande qui doit être appuyée par trois notables commerçans. Cette demande est examinée, discutée. Lorsque celui qui l’a signée ne, présente pas des garanties de solvabilité suffisantes, elle est repoussée. Si au contraire elle est admise, le postulant a, comme on dit, droit de présentation.

Les billets apportés au bureau d’escompte doivent être à une échéance maximum de trois mois et être revêtus au moins de trois signatures; ils sont réunis et placés dans un bordereau imprimé et formulé qui relate le nom des souscripteurs, des premiers endosseurs, la valeur et la date des échéances, le nombre de jours qui restent à courir avant le paiement, la somme due pour l’escompte. Chaque bordereau est signé par le présentateur. Les billets ainsi contenus dans une feuille de signalement sont remis avant dix