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nant les charbons d’Angleterre ou les bois du nord de l’Europe. De plus un noyau de commerçans dépend d’une manière ou d’une autre des opérations maritimes. La création demandée avait précisément pour but de faciliter entre tous les rapports et les transactions. Un mouvement en ce sens devait-il être entravé? quel inconvénient présentait-il?

Les intérêts commerciaux auraient besoin de pouvoir s’entendre et se concerter à Saint-Nazaire. Des réunions d’un caractère général, comme un cercle, quelle que soit d’ailleurs la bonne volonté qui le puisse animer, ne sauraient seuls amener ce résultat. Il leur manquera toujours une destination assez nette, une action assez soutenue, pour donner naissance à une influence efficace. Jamais non plus la municipalité ne pourra remplir cette fonction. La tâche exige une institution spéciale, une chambre de commerce. Il en a été question tout récemment; on doit souhaiter que l’affaire aboutisse promptement à une solution favorable. Il ne faudrait pas prétendre, pour écarter cette idée, qu’il y a une chambre de commerce à Nantes, et même, ce qui est vrai, une chambre active et bien conduite. Cela n’implique nullement qu’une représentation analogue ne soit pas nécessaire pour un autre groupe d’intérêts. L’existence de plusieurs chambres dans un même département n’est point un fait bien rare. J’en trouve cinq, par exemple, dans la Seine-Inférieure, à Rouen, au Havre, à Elbeuf, à Dieppe, à Fécamp, et certes cette multiplicité ne diminue en rien l’autorité de la chambre du chef-lieu. Observation analogue pour le Nord, où trois chambres de commerce sont en pleine activité. Cette fondation créerait à Saint-Nazaire un centre autour duquel se grouperaient les intérêts économiques de la cité, et qui se fortifierait bien vite par de nouveaux développemens.

Avec une chambre de commerce, on n’aurait pas vu languir, comme cela est arrivé, l’institution relative au sauvetage des naufragés, malgré l’accueil sympathique qu’elle avait reçu de la population. Il y a déjà quelques années, dans une réunion des notables du pays, des souscriptions avaient été recueillies, et l’on avait nommé un comité d’organisation. Depuis lors, quand la société centrale a été fondée à Paris, la plupart des premiers souscripteurs ont encore donné leur adhésion. Qu’est-il arrivé cependant? Les comités formés n’ont eu pendant longtemps qu’une existence purement nominale. Sur ces entrefaites survint le déplorable sinistre du Queen-of-the-South, à la pointe Saint-Gildas, au mois d’avril 1868. Cet événement a causé une émotion profonde sur nos côtes et en Angleterre; il a provoqué une enquête faite à Nantes et qui en a mis en relief les causes et les circonstances. Il fallut cette catastrophe