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Après cela, Jésus-Christ nous prévient que c’est la pratique de cette loi qui seule jugera tous les hommes. Il n’y a qu’un moyen pour entrer dans le royaume des cieux : c’est de faire la volonté du Père, pratiquer en effet la justice, (v. 18, 19.) Il ne suffit nullement de venir adorer Jésus-Christ, et de lui dire au jour du jugement : « Seigneur! Seigneur ! en votre nom nous avons prophétisé, en votre nom fait des miracles, en votre nom chassé les démons. Je leur dirai : Je ne vous connais pas, vous tous qui commettez l’iniquité. » (v. 20, 23.) Et Jésus-Christ conclut tout en disant : « L’homme qui pratique ces choses, c’est le sage qui bâtit sur le roc. (v. 24.) Celui qui ne les pratique pas, c’est l’homme qui bâtit sur le sable. » (v. 26.)

Donc la loi de justice pratiquée en effet, voilà le roc sur lequel l’homme sage doit bâtir sa maison, que rien ne pourra renverser. Et la loi de justice non pratiquée, voilà le sable sur lequel l’insensé bâtira sa demeure, qu’emporteront les torrens et les vents. Voilà ce que Jésus-Christ dit en des termes qui sont dans la main et sous les yeux du monde entier. C’est là son code moral.

Jamais de telles paroles n’avaient été prononcées sur le monde, jamais rien de pareil n’a été dit sur la justice. C’est l’enseignement de justice le plus profond, le plus complet, le plus divin, le seul divin, que le monde ait reçu. C’est la plus absolue proclamation de la justice, comme unique nécessaire, dont on puisse concevoir l’idée. Pour le salut, l’adoration elle-même du Christ, l’adoration de Dieu ne suffit pas. Il ne suffit même pas de s’être emparé de la force de Dieu pour produire des miracles, d’avoir pu saisir sa lumière pour prophétiser. Tout cela n’est rien, et le Christ ne vous connaît pas, si vous avez été des ouvriers d’iniquité.

Après cette proclamation absolue du devoir, le divin maître énonce la loi scientifique de la justice, laquelle est, à tout l’ensemble des sciences morales, ce qu’est à l’astronomie l’attraction et sa loi. Il nous en prédit les effets. Il en montre le terme et le fruit. Il enseigne cette divine vérité que ceux qui ont faim et soif de justice ont le bonheur par cela seul, et seront toujours rassasiés.

Et après la proclamation de la loi, après la formule scientifique et la description de la loi, il montre enfin la force vive qui opère ce que connaît la science, et ce qu’exige la loi ; il nous montre ce feu de l’âme, l’amour, qui est la force, et sans lequel la justice connue n’est qu’un idéal vide, qui jamais n’entre en mouvement. Il fait pour la justice ce que fait pour le mouvement la puissante majesté de la science, quand elle enseigne aux hommes la loi des forces, et puis construit pour eux les admirables mécanismes capables d’employer les forces, et puis enfin leur donne la force