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résurrection ne se trouve pas du tout dans les récits de la passion, soit de saint Luc, soit de saint Jean ; mais elle se trouve dans les deux autres, saint Matthieu (XXVI, 3) et saint Marc (XIV, 28). C’est l’inverse de ce que vous dites. Vous niez le fait où il est, et l’affirmez où il n’est pas. Telle ne peut pas avoir été votre intention.

Soutiendrez-vous peut-être qu’en délimitant à votre gré, et autrement que nous, les quatre récits de la passion, votre assertion subsiste? Pas davantage, car si par là vous pouvez retrancher des deux premiers récits l’annonce de la résurrection, qui s’y trouve, vous ne pouvez, par aucune délimitation, introduire cette annonce dans les récits qui ne la contiennent pas.

En sorte qu’en aucun cas, d’aucun point de vue, il n’existe aucun fondement ni prétexte à cet argument ou exemple, choisi par vous, contre toute la théologie chrétienne, contre les Évangiles et contre la divinité de Jésus-Christ.

Je sais, monsieur, quelle est votre sincérité. Vous reconnaîtrez votre erreur et la regretterez. Mais voici ce que je suis obligé d’ajouter : c’est que, laissez-moi vous le dire, vous vous trompez souvent ainsi; c’est que dans toute cette polémique, entreprise il y a vingt ans et reprise aujourd’hui, vous procédez par une suite d’erreurs du même ordre que celle qu’on vient de voir. Et nous avons raison jusqu’ici contre vous avec la même surabondance, avec le même excès. Et c’est peut-être la grande difficulté de notre tâche d’avoir à relever dans un écrivain qui, plus qu’un autre, parle au nom de la critique et de la science, des erreurs si nombreuses et si invraisemblables que le lecteur n’y peut pas croire, même quand il a les textes sous les yeux.

Cependant j’essaierai cette fois de convaincre les plus difficiles, touchant l’espèce de méthode d’erreur qui vous trompe à ce point. J’y parviendrai certainement pour tous les lecteurs attentifs, et peut-être pour vous-même, monsieur; après quoi, je montrerai facilement que la clé de tout votre livre sur la Religion est précisément cette méthode d’erreur que j’aurai fait connaître.


DEUXIÈME LETTRE.

J’ai dit, monsieur, que la clé de votre livre sur la Religion, c’est une méthode d’erreur à laquelle votre esprit s’est donné. Cette méthode, vous en parlez ainsi dans ce même livre de la Religion. C’est, dites-vous, une « logique qui n’a rien de commun avec la logique ordinaire, qui reconnaît pour loi le principe de contradiction. » La nouvelle logique ne reconnaît pas pour loi le principe de contradiction, c’est-à-dire qu’elle admet les contradictions; mais, selon