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d’instruction secondaire et 365 écoles primaires. Il est digne de remarque en outre que plusieurs de ces écoles sont estimées à l’égal des meilleures de l’Europe. Il est encore à noter que tous ces établissemens, depuis le plus humble jusqu’au plus élevé, sont réunis par le lien d’une organisation commune. Au début se trouve l’école primaire, que chaque enfant doit fréquenter. L’instruction est obligatoire en effet de sept à treize ans. Le père de famille est libre de faire donner à ses enfans une éducation particulière; mais il doit justifier alors qu’ils reçoivent une instruction d’égale valeur, et il paie néanmoins la rétribution scolaire. Les programmes de ce premier enseignement sont larges; ils comprennent les élémens de la géométrie et de la physique, l’histoire et la géographie, le chant et le dessin. Les écoles publiques ont si bonne réputation que l’on y trouve toutes les classes de la société confondues. Au sortir de là, les enfans pauvres sont encore assujettis à suivre pendant trois ans des cours hebdomadaires de musique et d’instruction secondaire. Les autres passent ces trois ans à l’école élémentaire supérieure, qui donne presque une instruction secondaire, ou bien ils vont à l’école industrielle, qui prépare à l’exercice de certaines professions, ou encore au gymnase, qui conduit à l’université. L’école industrielle prépare aussi au Polytechnicum, où tous les cantons de la Suisse recrutent leurs ingénieurs et leurs professeurs de sciences appliquées. A chaque degré de cette échelle ascendante d’institutions scolaires correspond un comité ou un conseil d’éducation dans lequel les parens, l’autorité locale et le corps enseignant sont représentés. Les maîtres, bien payés quoique sans excès, jouissent d’une influence considérable.

L’école industrielle est calquée, à peu d’exceptions près, sur le modèle des Realschulen de la Prusse, sauf que le latin et le grec sont entièrement mis de côté. Le français, — on est ici dans la Suisse allemande, — l’anglais et l’italien entrent dans le cours normal des études. Le plus gros reproche que l’on puisse faire à cet établissement, c’est que les professeurs se laissent trop aller à spécialiser leur enseignement. Ils forment des mécaniciens, des chimistes, des commerçans; mais ils ne s’occupent guère de former des hommes. Il en est de même au gymnase, où, chose étrange, le grec n’est pas obligatoire : ici, il n’y a ni vers ni thèmes latins, à peine une version par semaine. Lettres et sciences sont cultivées pour l’utilité pratique que l’élève en retirera dans l’avenir plutôt qu’en vue d’une éducation libérale. « L’esprit qui règne à Zurich, dit M. Arnold, ainsi que dans les cantons les plus avancés de la Suisse allemande, est un esprit d’industrialisme intelligent, mais pas encore assez intelligent pour s’affranchir de la vulgarité. A Lausanne et à Genève,