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un ministre protestant; en 1809, en un moment de grandes réformes, elle se mit sous le contrôle de l’état de même que les autres écoles secondaires de Berlin. Au reste, quoique protestante par son origine, elle reçoit des catholiques et même des juifs. Il n’y a, de même que dans les autres écoles publiques, que des élèves externes. Le prix des études ne s’élève qu’à 98 francs par an, et encore y a-t-il un élève sur dix exempté du paiement de cette modique rétribution. Les études classiques sont cultivées avec succès au gymnase de Frédéric-Guillaume. On en jugera par ce fait que le professeur de la classe la plus élevée parle latin à ses élèves, et que ceux-ci lui répondent dans la même langue. On convient toutefois que l’usage habituel d’une langue étrangère, surtout d’une langue morte, est plus favorable à l’exercice de la mémoire qu’à la culture du goût et de l’esprit.

La plus fameuse des écoles de l’Allemagne du nord n’est pas à Berlin, elle est à Pforta, dans la Prusse saxonne; c’était autrefois une abbaye cistercienne qui, sécularisée à l’époque de la réforme, fut transformée quelques années plus tard en école protestante; les riches revenus de l’ancienne abbaye sont administrés aujourd’hui par l’autorité provinciale, ils dépassent 200,000 francs par an. Cette institution, qui avait possédé jusqu’en 1815 les vieux privilèges féodaux, à tel point qu’elle conservait le droit de justice au civil et au criminel, exhibe encore certains vestiges des traditions du moyen âge : chaque jour avant le dîner, les élèves entonnent un hymne latin dans le réfectoire. On y compte 205 enfants, presque tous boursiers, qui n’ont à payer, pour prix de la nourriture, du logement et de l’instruction qu’ils reçoivent, qu’une rétribution fort minime. Les places vacantes sont distribuées partie par le gouvernement prussien, partie par les corps municipaux de différentes villes et partie par le gouvernement saxon.» Les candidats désignés doivent avoir douze ans au moins ; nul n’est admis sans un examen assez sérieux. Aussi les études classiques de cet établissement sont-elles renommées dans toute l’Allemagne. Il est d’usage que les élèves aient un jour par semaine sans leçons ni classes; ce n’est pas une journée de repos, mais ils ont la liberté d’étudier ce jour-là ce qui leur plaît. Cet encouragement donné au travail individuel des jeunes écoliers témoigne beaucoup en faveur de leur application et de leur caractère, car une telle liberté ne serait souvent chez nous, on ne le sait que trop, qu’un encouragement à la paresse. Située au milieu des bois et des prairies, l’école de Pforta possède, aussi bien que les écoles de l’Angleterre, de vastes champs de récréation, seulement on n’y retrouve pas les jeux favoris de la jeunesse anglaise. Le cricket et le canotage sont remplacés par la