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du royaume-uni put acquérir, par une contribution de 100 livres une fois payée, le droit de présenter un élève et de le remplacer à sa sortie. En outre, chaque personne qui faisait un don de 20 livres obtenait le titre de donateur avec le privilège de faire admettre une fois seulement un élève. En dehors de ces présentations par un sociétaire, aucun enfant ne devait être admis. Il y a maintenant environ 500 élèves à Marlborough ; les fils de laïques paient 1,700 fr. par an, les fils d’ecclésiastiques un quart en moins. Les professeurs sont nombreux et fort instruits; mais, n’ayant pas les traitemens splendides d’Eton ou de Rugby, ils n’en ont pas non plus la fixité, et quittent volontiers l’école lorsqu’un emploi plus lucratif leur est offert. L’enseignement, classique pour ceux qui se destinent à la carrière universitaire, est moderne pour les autres. On y prépare avec succès aux examens de Woolwich. Du reste les enfans jouissent d’une extrême liberté, comme leurs camarades des vieilles institutions scolaires. Ce n’est plus l’organisation séculaire d’Eton, ce n’est pas non plus le système étroit des lycées français.

Le collège de Cheltenham est aussi une école d’actionnaires (proprietary school). L’association qui le gère se divise en actions transmissibles comme toute autre valeur, sous la seule réserve qu’elles ne peuvent appartenir qu’à des membres de l’église anglicane. Chaque action confère le droit de présenter un enfant. Il y a plus de 600 élèves : 400 environ logent autour de l’école dans les pensions tenues par les professeurs; les autres demeurent en ville chez leurs parens. Dans le petit collège (juvenile department), où l’on ne peut rester que jusqu’à l’âge de treize ans, il n’y a qu’un seul genre d’enseignement. Ensuite les études se partagent en deux divisions, l’une classique, l’autre moderne. Voilà, comme à Marlborough, une bifurcation placée à peu près à l’âge où on l’avait voulu introduire en France il y a plusieurs années. Cela ne réussit pas mal; mais il est à considérer que rien ne ressemble moins à nos lycées que cette école privée où nul enfant n’est admis sans être patronné par l’un des actionnaires.

Au-dessous de ces collèges de propriétaires se rangent les innombrables institutions privées qui sont seulement l’œuvre d’une spéculation individuelle. Chaque ville, chaque bourg, a sa petite pension, dont le chef, assisté quelquefois d’un sous-maître, réunit une vingtaine d’élèves de dix à quinze ans. L’enseignement y est tarifé; on paie tant pour la grammaire, tant pour l’arithmétique, tant pour le latin ou le français. Assez souvent les deux sexes y sont réunis. Quand le maître est clergyman ou possède quelque grade universitaire, il a grand soin d’en faire étalage, car c’est une puissante recommandation. En raison de l’absolue liberté qui prévaut