Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sommée par la loi du 15 mars 1850, fat le seul acte public que l’on ait demandé avec instance et combattu avec ardeur. Pour le reste, l’Université a subi la loi du siècle; elle a courbé la tête sous le niveau régulateur du pouvoir central sans se plaindre, ou du moins sans se faire écouter. Elle n’est plus aujourd’hui qu’une administration publique, et ne retient aucun des privilèges d’une corporation.

Tandis que le silence se faisait sur l’organisation intérieure de l’instruction publique, les programmes de l’enseignement devenaient au contraire l’objet de vives controverses. Presque exclusivement littéraires sous l’ancien régime, plus scientifiques sous l’influence des idées positives de la révolution, les études redevinrent classiques avec le premier empire, et restèrent telles sous la restauration. Les besoins du temps ont agrandi plus ou moins la part faite aux sciences. Après des essais malheureux connus sous le nom de bifurcation des études, la lutte entre les lettres et les sciences est-elle terminée par l’introduction récente d’un enseignement secondaire spécial ? Il y a lieu de l’espérer plutôt que de l’affirmer, car l’expérience ne parle en pareille matière qu’après une épreuve prolongée.

En somme, quoique les principes aient quelquefois varié, l’ensemble de l’instruction publique en France se présente aujourd’hui sous une forme simple. Chacun sait quelles sont ses doctrines; avec la moindre étude, on connaît à fond ses règlemens. Un même esprit préside à l’exécution des lois qui la régissent; une même volonté anime ce grand corps depuis la plus modeste école de village jusqu’aux chaires de l’enseignement le plus élevé. En est-il de même chez les autres nations de l’Europe? C’est un sujet qui mérite d’être examiné, car nul de nous n’est assez infatué des institutions françaises pour se persuader que nous ayons mieux réussi que les peuples qui nous entourent. Il serait aussi ridicule d’avoir cette confiance extrême en nos méthodes que de les dénigrer de parti-pris. D’ailleurs le moment est favorable pour une telle recherche. Par suite de diverses circonstances, des travaux remarquables sur le sujet qui nous occupe viennent d’être publiés en France et en Angleterre. Ce sont des rapports qui, pour être officiels, n’en ont pas moins un cachet d’originalité saisissante. Deux professeurs français, MM. Demogeot et Montucci, ont été chargés par le ministre de l’instruction publique d’examiner l’état de l’enseignement secondaire en Angleterre et en Écosse. Le travail collectif de MM. Demogeot et Montucci n’est pas, comme tant d’œuvres de même origine, la compilation sèche et prolixe des faits qu’ils ont observés. Sans s’écarter plus qu’il ne convient à des délégués du cadre d’un rap-