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LA
RÉVOLUTION D’ESPAGNE

I.

L’INSURRECTION DE 1868 ET L’INTERRÈGNE.


Les révolutions se suivent et se ressemblent, surtout en Espagne. Elles se composent souvent d’un jour d’illusions et d’un lendemain assombri par les déceptions, prolongé à travers des incertitudes toujours renaissantes. Elles ne sont pas l’œuvre d’un hasard insolent ou de vulgaires trahisons, comme affectent de le croire ceux qui les ont rendues inévitables ; elles procèdent d’un ensemble de causes bien simples, bien évidentes, et, malgré tout ce qui peut les expliquer ou les absoudre d’avance, elles ne sont pas plus faciles à dénouer ; elles vont bientôt aboutir à toutes les impossibilités et à toutes les contradictions, qui font que ces grandes crises sont quelquefois sans issue. L’Espagne en est depuis quatre mois à se débattre dans les perplexités violentes d’une de ces révolutions qui la veille ont toute sorte de raisons d’être, et qui le lendemain se trouvent en face de toute sorte de difficultés, qui avant de naître semblent justes, et qui après avoir éclaté ne savent plus ce qu’elles deviendront. Depuis quatre mois, l’Espagne offre le spectacle d’un pays allant au hasard, flottant entre toutes les directions au risque de glisser chaque jour dans la guerre civile, hésitant visiblement à se croire fait pour la république et ne sachant qui placer sur un trône laissé vide par une reine en fuite, finissant par remettre sa