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touchent qu’une somme insignifiante. Le maire de telle commune, par exemple, qui est fort riche, reçoit une indemnité de 1,500 fr. : c’est une somme sans importance pour lui ; mais tous les maires ne sont pas dans cette situation, tant s’en faut. Plusieurs d’entre eux sont plus ou moins gênés dans leurs affaires. Pour ceux-là, l’indemnité ou, pour mieux dire, le traitement de maire est presque indispensable, et ce traitement n’est pas toujours insignifiant. Le maire de Saint-Denis touche 15,000 fr. par an, celui de Saint-Pierre 12,800 francs, celui de Saint-Louis 9,000 francs. D’autres touchent 6,000 francs, 4,000 francs, 2,500 francs. Aucun de ces maires, sauf celui de Saint-Denis, ne dépense quoi que ce soit en frais de représentation. Les mots d’appointerons et de traitemens que nous avons employés tout à l’heure sont donc rigoureusement exacts. Quant aux chiffres que nous venons de donner, ils remontent à six mois. Ils ont pu subir depuis quelques légères modifications ; mais la situation dans son ensemble est certainement restée la même.

Les maires de l’île de la Réunion, sauf M. Vergoz et un ou deux autres que l’on pourrait citer, sont donc de véritables fonctionnaires salariés, des fonctionnaires qui ont besoin de leur traitement, des fonctionnaires perpétuellement révocables, des fonctionnaires dépendant doublement de l’administration, puisqu’elle les nomme et puisqu’elle nomme aussi les conseils municipaux qui leur votent leur traitement. Ce sont cependant ces fonctionnaires qui vont former le noyau du conseil-général chargé de voter le budget colonial et de contrôler la marche de l’administration. Quand un conseil municipal paraît suffisamment dévoué, on lui laisse le soin d’envoyer son maire siéger dans le conseil-général. Là où la chose souffrirait quelques difficultés, le gouverneur choisit lui-même le maire comme conseiller-général, en vertu du droit qui lui appartient de nommer directement la moitié des membres de cette assemblée. Neuf maires siègent ainsi dans le conseil-général de la Réunion, trois par le choix direct du gouverneur, six comme élus par les conseils municipaux. L’un d’entre eux est président du conseil-général, et jouit à ce titre d’une influence considérable sur ses collègues. À ces neuf maires, il faut ajouter au moins cinq ou six membres du conseil qui, à des titres divers et pour des sommes plus ou moins considérables, sont parties prenantes au budget colonial. Nous pourrions citer des noms et des chiffres. On nous dispensera de le faire. Qu’il nous suffise de dire que sur les vingt-quatre membres dont se compose le conseil, les deux tiers environ, soit quinze ou seize membres, dépendent plus ou moins de l’administration, et touchent, soit sur le budget colonial, soit sur les