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L¨ILE DE LA REUNION
ET
LA QUESTION COLONIALE

I. Rapport de M. le contre-amiral Dupré, gouverneur de la Réunion. — II. Compte rendu adressé aux journaux de Paris, par MM. A. Bellier, Laserve, etc. — III. Événemens de la Réunion, par MM. G. Desjardins, E. Jalabert, Ernest Le Roy. — IV. Notices sur les colonies françaises, tableaux de population et de culture, publiés par le ministère de la marine et des colonies.

On n’a pas encore oublié l’impression produite, il y a un peu plus de quinze jours, par l’annonce des événemens qui venaient d’ensanglanter la ville de Saint-Denis, chef-lieu de notre colonie de la Réunion. Ce fut d’abord de l’incrédulité, puis une douloureuse surprise, lorsque de nouveaux renseignemens vinrent confirmer et compléter les nouvelles transmises par le télégraphe. L’île de la Réunion passait à juste titre pour la plus paisible de nos colonies et la plus facile à gouverner. La douceur des mœurs de ses habitans était proverbiale. En 1848, l’abolition de l’esclavage s’y était accomplie sans qu’une goutte de sang eût coulé, sans que l’ordre public, la sécurité des personnes et le respect des propriétés eussent reçu la plus légère atteinte. Comment s’expliquer que, vingt ans après une crise si décisive et si heureusement traversée, l’esprit de la colonie se trouvât changé du tout au tout ? Comment s’expliquer que le peuple le plus doux de la terre en fût venu à se livrer dans la rue, pendant plusieurs jours de suite, à des manifestations tumultueuses ? Comment s’expliquer que ces manifestations eussent pris aux yeux de l’autorité un caractère assez alarmant pour qu’elle