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mis à l’abri de toute entreprise ayant pour objet de les soustraire à la justice.


Comparution de la veuve. — Ce matin même 26 février, vers les treize heures et demie, a comparu devant les cinque della pace, encore nantis de l’enquête, une femme en grand deuil, laquelle, avec force sanglots et supplications, a demandé aux magistrats que justice fût faite du meurtre de son mari. En terminant, elle a dit : — Je mets à la disposition de messeigneurs la moitié de ma fortune pour aider à la découverte de l’assassin. — Sur la promesse que rien ne serait négligé pour qu’un tel crime fût dûment puni, et quand on lui a donné lecture du commencement de l’enquête, après serment prêté par elle de n’en rien révéler, ladite veuve s’est retirée avec force remercîmens, mais pleurant toujours. (En marge du manuscrit, et de la main du copiste : il fut remarqué que ladite veuve Toldo, encore que d’une singulière beauté, avait le maintien sévère et hautain ; pour cela n’en fut-elle pas moins admirée par certains de nos seigneurs qui se levèrent involontairement et la saluèrent quand elle se retira.)


Prison de la Quarantie. — Certificat d’écrou. — Le geôlier de ladite prison reconnaît avoir reçu des mains de la police l’étudiant Pasquale Ziobà, ce matin même arrêté à Padoue. Il est âgé de dix-huit ans, et n’a pas encore pris ses degrés. En même temps que lui, pour être déposé au greffe de la prison, a été remis un portefeuille renfermant quelques dessins à la plume, tous représentant une jeune femme presque sans vêtemens et en diverses attitudes. Date : 28 février. Signature illisible.


Premier interrogatoire. — L’accusé nie toute connaissance du crime qu’on lui impute, et toute participation même indirecte à ce crime, déclare n’avoir jamais fait usage d’armes à feu et ne pas connaître l’arquebuse qu’on lui représente. Il fait observer que sur le bois de la crosse d’icelle est incrustée en ivoire la lettre G, qui s’est ni l’initiale de son prénom ni celle de son nom de famille. Annonce qu’il établira sa présence en un lieu public au moment où le meurtre a été commis. Fait remarquer que le billet trouvé sur le défunt n’est pas de son écriture, à lui comparant, que ce billet est rédigé en dialecte brescian, dont il n’a aucun usage ni aucune connaissance. Interrogé sur l’origine des dessins saisis chez lui, et qui, à ce qu’on prétend, rappellent les traits de Monna Lucrezia Toldo, répond qu’il est en mesure de se justifier de ce chef, et demande à cet effet la citation d’un témoin. Ce témoin sera cité.


Comparution du témoin. — Est venue le premier jour de mars