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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1869.

La diplomatie européenne tient ses assises dans les salons de notre ministère des affaires étrangères, pour remettre à neuf la paix d’Orient par un arrangement quelconque du conflit gréco-turc, et dans trois jours nos chambres se trouveront réunies au Louvre pour entendre le discours par lequel l’empereur doit ouvrir la dernière session du corps législatif actuel. Avec l’année nouvelle, la vie politique se réveille sous toutes les formes. Cela ne veut pas dire que la conférence, pour nous complaire, va résoudre un problème insoluble, que l’intervention de nos chambres va suffire pour simplifier tout à coup une situation intérieure singulièrement compliquée, et qu’en un mot tout est près de unir par un protocole diplomatique ou par un vote parlementaire. La conférence et le corps législatif n’ont pas cette magique puissance ; mais ces assemblées, toujours revêtues d’une certaine autorité, ont du moins l’avantage, chacune dans sa sphère, de préciser les difîicultés, de resserrer les questions, de substituer la réalité aux fantômes. Elles apaisent quelquefois les querelles qui s’aigrissent, elles redressent les débats qui s’égarent, et c’est bien quelque chose pour aujourd’hui de voir commencer simplement, honnêtement, une année qui nous réserve sans doute plus d’une surprise. Le corps législatif, s’il le veut, jusqu’à un certain point peut jouer le rôle de pacificateur et d’éclaireur dans une carrière où l’on entrevoit déjà les élections.

À parler sans détour, ce serait maintenant plus que jamais une pressante nécessité de sortir des nuages, de voir clair dans nos affaires intérieures, qui ne sont pas moins embrouillées que les affaires de l’Europe. Nous avons étrangement besoin d’amples et sérieuses explications parlementaires, d’une enquête serrée et bien conduite qui serve à marquer en quelque sorte l’étiage des esprits et des institutions. Depuis la dernière session, rien n’est essentiellement changé sans doute : il n’y a pas eu la moindre révolution pour nous distraire ou nous occuper ; en revanche, il