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tablement navré. Je sais maintenant la cause de votre irritation. Si j’avais pu prévoir cela ! mais en vérité…

Madame de Queyrel et Valery, ensemble.

Vous dites ?

Monsieur Davoy.

Je dis, chères dames, qu’il n’y a dans tout cela qu’un petit malentendu dont je sourirais, si je n’avais crainte de vous…

Madame Valery.

Mon Dieu, ne souriez pas et parlez.

Madame de Queyrel.

Expliquez-vous nettement.

Monsieur Davoy.

Voici ce que c’est… En vérité j’ai peur d’être indiscret ; voici la chose… Nous sommes bien seuls ? (Il attire ces deux dames vers le canapé où il s’assoit entre elles deux.)

Madame de Queyrel.

Ce bon monsieur Davoy !

Madame Valery.

Ce cher hôte !

Monsieur Davoy.

Figurez-vous que c’est la chose du monde la plus simple ; vous allez en rire aux larmes. En deux mots…

Madame de Queyrel.

Promptement, n’est-ce pas ?

Madame Valery.

Sans tarder, cher monsieur.

Monsieur Davoy.

Faut-il au moins le temps de se recueillir. Pour parler clairement, il est nécessaire de ne se point presser. Voyons, causons comme trois bons amis. (À madame de Queyrel.) M. Valéry, n’est-il pas vrai, madame, vous a baisé la main… avec passion ?

Madame Valery.

Qu’en savez-vous ? On ne peut pourtant pas accuser les gens sans fournir les preuves.

Madame de Queyrel.

C’est évident.

Monsieur Davoy, gravement.

Ah ! cela change tout à fait la question. Si M. Valéry n’a point embrassé avec passion la main de Mme de Queyrel, il n’y a pas seulement négligence de sa part, permettez-moi de vous le dire, il y a quelque chose de plus grave.

Madame de Queyrel.

Vos plaisanteries sont tout à fait hors de propos.

Monsieur Davoy.

Permettez, je ne plaisante pas. Alors même qu’il s’agit d’un badinage, je trouve qu’on doit être esclave de sa parole. Songez donc